ENTRETIEN – Timba Bema est né au quartier Bali à Douala, Cameroun, dénommé Bell Town à l’époque du protectorat allemand au début du XXe siècle. Il compte parmi les auteurs retenus pour le programme De l’écriture à la promotion, qu’a instauré la Fondation pour l’Écrit, organisatrice du Salon du livre de Genève.
Timba Bema : J’ai commencé à écrire parce que je ne voulais pas oublier les histoires que me racontait ma grand-mère. Ma première motivation a donc été de constituer une mémoire. Par la suite, je me suis investi dans la fiction, afin d’explorer le réel, de déceler ses dimensions implicites, parfois cachées ou inconscientes.
En 2001, j’ai quitté le Cameroun pour Nantes. Après avoir séjourné deux années à Paris, je vis et travaille depuis 2007 à Lausanne. Je suis auteur de poésie, de nouvelles, de romans, et je participe à plusieurs associations (Tulalu, SLAAM) et magazines littéraires.
Maintenant, l’écriture est pour moi un processus de révélation de soi à soi par le truchement des mots : c’est comme un miroir dressé pour se voir tel qu’on est. La beauté étant le moyen grâce auquel la confrontation avec les aspects les plus sombres de notre humanité est facilitée.
Timba Bema : Très tôt mon imaginaire est nourri par les légendes de la culture Douala, ainsi que par le sens tragique de l’histoire, à travers la pendaison par les Allemands de Rudolf Douala Manga Bell, alors roi de Bell Town, qui m’était contée, le soir sur la véranda, par ma grand-mère.
Une après-midi que je jouais au football avec mes amis au Parc des princes, l’ancienne cour des rois Bell, je pénètre, courant derrière le ballon qui avait été envoyé là par un tir puissant, dans les ruines du palais construit par le roi Alexandre Douala Manga Bell, que l’on disait hanté.
J'ai été saisi par cette expérience qui, avec le temps, m'a fait prendre conscience de la nécessité de conserver les traces du passé.
Parmi les auteurs, d'abord il y a eu Franz Kafka que j’ai découvert au lycée. La lecture de Le procès m’a ouvert à la réalité du monde carcéral dans lequel je vivais. Par la suite, Hermann Hesse, notamment dans Le loup des steppes, a tracé le chemin de la liberté comme l’écart nécessaire de la norme : l’expérience de la liberté étant d’abord individuelle avant de devenir collective.
Timba Bema : Mes attentes quant au programme d’accompagnement sont pratiques. En effet, je souhaite glaner le plus de connaissances possible afin d’organiser de façon professionnelle mon activité littéraire.
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