Initialement basés dans le village de Pérouges, dans le département de l’Ain, Laurence et Bruno Pasdeloup font partie des six derniers artisans français qui fabriquent du papier à la main. En lançant leur papeterie artisanale en 2015, le couple a souhaité se différencier en exploitant des fibres étonnantes, peu utilisées dans l’industrie du papier.
« Les papetiers industriels utilisent à 90 % des fibres de bois. Les autres utilisent des fibres végétales comme le chanvre, le lin ou encore le coton. Nous le faisons aussi, mais nous avions envie de nous diriger vers un autre marché, utiliser d’autres fibres moins connues » confie Bruno Pasdeloup, contacté par ActuaLitté.
Pour ce faire, l’entreprise utilise différentes matières premières. Des produits issus des récoltes évidemment, mais aussi des déchets agricoles tels que les pailles de riz ou la coque de cacao que les professionnels leur confient, soucieux de les transformer en quelque chose de plus vertueux. « On voulait vraiment proposer quelque chose d’inédit, que l’on ne retrouvait pas du tout dans l’industrie », reprend-il.
Un savoir-faire unique qui s’adresse notamment au domaine des arts graphiques, mais également aux ingénieurs, aux chercheurs ou encore aux designers, qui souhaitent travailler avec différentes fibres végétales. « On collabore également avec des particuliers pour réaliser des choses plus traditionnelles comme des faire-part ou des menus de restaurants » explique le papetier.
Le pari d’un papier 100 % écologique
Animés par la volonté de devenir entièrement indépendants, Laurence et Bruno Pasdeloup ont décidé de quitter leur atelier dans le village de Pérouges, pour un corps de ferme. « On voulait vraiment exploiter cette dimension de la culture qui est très importante pour nous. Faire nos plantations, nos récoltes, se servir directement pour fabriquer notre papier ensuite. »
« Depuis le XIIIe siècle, la plupart des papetiers occidentaux utilisent de vieux chiffons et de vieux draps. On voulait se débarrasser de ce schéma, partir de la plante, et maîtriser tout le processus. » Si cette pratique paraît étonnante pour des Occidentaux, elle est encore très présente dans les pays asiatiques.
« Les pays comme le Vietnam ou la Chine par exemple n’ont pas connu de coup d’arrêt avec l’industrialisation. Leurs papetiers sont souvent des agriculteurs et cultivent eux-mêmes leur matière première ». Une tradition que Laurence et Bruno Pasdeloup ont à cœur de partager.
Valoriser un tourisme culturel et durable
Ainsi, le couple entend installer des hébergements comme un camping, mais également un gîte, pour accueillir les visiteurs. Ces derniers pourront, selon la saison, participer à la plantation, à la transformation des fibres, à la récolte ou encore à la fabrication des feuilles de papier.
« On accueillait déjà des artistes, des designers ou des chercheurs dans notre atelier pour les impliquer dans la fabrication de papier » souligne le papetier. « C’était quelque chose qui était très important pour nous et que l’on voulait garder. Dans la ferme, ils pourront s'investir, et cueillir eux-mêmes leurs fibres ».
PATRIMOINE : Le moulin à papier Richard de Bas,
700 ans de fabrication à la main
Outre les professionnels, la ferme ouvrira également ses portes à tous les curieux avides d’un tourisme culturel. « C’est un choix qui nous tient à cœur. Pérouges est classée “Plus Beaux Villages de France” et attire du tourisme de masse. On voulait revenir à quelque chose qui a plus de valeur, être avec des gens qui s’intéressent vraiment à ce que l’on fait, et qui souhaitent participer ».
Des ateliers autour des arts graphiques comme la reliure, la gravure, le papier marbré ou encore la typographie seront organisés au sein de la ferme.
Collaborer avec les acteurs de la région
Outre ce projet inédit d’accueil chez l’artisan d’art, des collaborations avec des médiathèques et des écoles aux alentours devraient également voir le jour autour d’ateliers pédagogiques. « Nous travaillerons avec La Métive, un centre d’art contemporain implanté à Moutier-d’Ahun qui reçoit environ 5 à 6 artistes du monde entier par an » ajoute Bruno Pasdeloup. « Nous les recevrons à la ferme pour leur faire découvrir notre art et nos cultures. »
Le couple de papetiers est aussi en contact avec Lo Sanabao une association qui regroupe les producteurs de chanvre du Limousin. L’organisme pourra, entre autres, leur proposer des formations pour apprendre à cultiver la plante. « Ce qui est super, c’est qu’on entre dans un réseau existant et qu’on donne un débouché au chanvre qui n’existe pas encore dans la région. »
l'avenir d'une langue maya
Les dons permettront de financer l’achat de matériels, comme une forme à papier, une presse taille douce ou encore une pile hollandaise. En contrepartie, la papeterie Pasdeloup offre des cadeaux personnalisés fabriqués à partir de leur papier comme des marque-pages, des carnets, du papier à lettres ou encore une journée de stage à la ferme pour les plus généreux.
Pour soutenir le projet, c’est à cette adresse. Pour en savoir plus sur la papeterie Pasdeloup, c'est ici.
Photographies : crédit papeterie Pasdeloup