Les chiffres ont cela de têtu qu’ils fournissent des informations difficiles à contredire. Avec dans l’idée de comprendre comment ses ventes s’opéraient, une maison d’édition jeunesse s’est lancée dans un savant calcul : observer les canaux de vente et les mettre en perspective. Et en conclure qu'en cas d'absence en librairie, c'est internet qui rafle la mise.

crédit Editions MIjade
Mais dans le cas présent de la littérature jeunesse, loin d’être spécialisée, on n’aurait pas mis un euro dessus.
Michel Demeulenaere, fondateur des éditions Mijade, n’en revenait pas : la hausse des ventes en ligne prenait pour lui des proportions considérables. « Nous sommes désormais à 23 %, en prenant Amazon et Fnac.com en considération. Mais pour certains de mes confrères, cela peut monter jusqu’à 50 % de leur activité », indique-t-il à ActuaLitté.
L'impact d'internet dans les ventes
Ces 23 % sont pourtant dans la norme, indiquent les données vérifiées auprès d’autres maisons et de diffuseurs. Dans le cas d’éditeurs qui tournent autour de 50 %, cette commercialisation compense toutefois la visibilité plus modeste, donnée à leurs titres.
Fichier Excel en main, voici le détail opérationnel que l’éditeur retrouve, pour les ventes en ligne, avec un cumul Fnac.com et Amazon :
• Albums : 16,9 %
• Petits Mijade (collection petit format et albums 3-6 ans) : 31,41 %
• Romans et ZoneJ (lecteurs de 9-15) : 59 %
• Petits Mijade (collection petit format et albums 3-6 ans) : 31,41 %
• Romans et ZoneJ (lecteurs de 9-15) : 59 %
« Je me garderai d’affirmer que ce qui va suivre s’applique à tous les éditeurs pour la jeunesse », indique Michel Demeulenaere avec prudence. Cependant, on imagine traditionnellement que, au moins dans le cas des best-sellers, voire plus globalement, « la notoriété du livre est la source de nombreuses ventes en ligne ».
Un effet bouche à oreille intéressant
Mais pour ce qui est de la maison jeunesse, les chiffres indiqueraient tout autre chose : l’internaute achète en réalité des ouvrages qu’il ne trouve pas en librairie. Et graphiques à l’appui, de nous préciser : « Les ventes des éditions Mijade sur Amazon sont inversement proportionnelles aux nombres de libraires qui acceptent les offices de ces collections. »
Une observation qui se confirme tout particulièrement avec la collection de romans pour préados et ados, ZoneJ, qui frôle les 59 %. « Elle est destinée au monde scolaire en Belgique, sans avoir trouvé sa place en librairie. Elle semble pourtant appréciée, en collège, et les enseignants, sur leurs blogs, en font régulièrement état », poursuit l’éditeur.
Si les albums de la maison sont « bien présents dans les librairies françaises, et merci à elles pour cela, les Petits Mijade ne rencontrent pas un franc succès ». Et d’évoquer un taux de 69,5 % pour l’office. « Certains libraires me le même disent assez franchement : “C’est une question de marge et d’ailleurs même vos albums sont trop bon marché.”. » Qu’en conclure ?
La nature a horreur du vide
Eh bien, que les lecteurs, eux, se précipitent sur la toile pour se procurer lesdits ouvrages, vendus entre 5,20 et 9 €, sans peine. « Le chiffre d’affaires cumulé des livres à petit prix vendus en ligne dépasse de 38 % celui des éditions plus chères », relève Michel Demeulenaere.
D’autant qu’avec les cas du best-seller, Maman, dans la collection Petits Mijade, et d’un long-seller, La Chenille, en Album, les observations sont les mêmes. Le premier approche des 10 % de ventes sur internet, quand le second frôle les 20 %. Et ce, rappelons-le, alors pour les Petits Mijade, le commerce en ligne pèse pour 31,41 % et pour les Albums, 16,9 %.
Or, le livre d’Hélène Delforge et Quentin Gréban, meilleure vente 2018 a été bien plus largement diffusée en librairie, avec pour conséquence de faire diminuer de moitié les achats sur la Toile. Idem, pour le titre d’Éric Carle : aux mêmes causes, les mêmes conséquences.
Commentaires
Fabienne Germain, le 01/03/2019 à 10:20:16
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Paul P., le 01/03/2019 à 17:27:21
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Patrick, le 01/03/2019 à 12:09:03
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Sylvie, le 01/03/2019 à 18:42:12
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Lancelot, le 01/03/2019 à 18:50:48
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Sophie, le 05/03/2019 à 11:18:44
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