Fin de partie pour le Renaudot, prix littéraire de la rentrée qui aura su déclencher la plus grosse polémique du moment. En choisissant un ouvrage autopublié sur Amazon, le jury s’était fait largement houspiller : les libraires montaient au créneau, protestant que cette sélection était absurde. Non pas pour l’autopublication, mais bien pour Amazon..
La nouvelle sélection du Renaudot montre que les jurés ont su faire le bon choix – celui d’arrêter d’avoir les oreilles qui sifflent. Et voici comment Marco Kosksas et son Bande de Français ont été sagemement retirés de la sélection, et les jurés épargnés par la vindicte interprofessionnelle...
Une libraire avait d’ailleurs interpellé trois des membres du jury – Le Clézio, Patrick Besson et Jérôme Garcin, pour leur rappeler leur métier d’auteur. Et que, sans les libraires qui avaient vendu leurs livres jusqu’à présent, eux-mêmes n’auraient plus qu’à changer de métier...
Voici donc la deuxième liste, avec romans et essais. On constatera que pour cette dernière catégorie, la première sélection ne devait pas convenir du tout puisqu’elle a été presque entièrement repensée... En effet, trois nouveaux titres apparaissent, portant à six la nouvelle seléction, contre 7 ouvrages précédemment...
Anton Beraber, La grande idée (Gallimard)
Adeline Dieudonné, La vraie vie (L'Iconoclaste)
David Diop, Frère d'âme (Seuil)
Gilles Martin-Chauffier, L'ère des suspects (Grasset)
Stéphane Hoffmann, Les belles ambitieuses (Albin Michel)
Philippe Lançon, Le Lambeau (Gallimard)
Diane Mazloum, L'âge d'or (JC Lattès)
Pierre Notte, Quitter le rang des assassins (Gallimard)
Vanessa Schneider, Tu t'appelais Maria Schneider (Grasset)
Robert Colonna d'Istria, Une famille corse (Plon)
Olivia de Lamberterie, Avec toutes mes sympathies (Stock)
Joann Sfar, Modèle vivant (Albin Michel)
Michelle Perrot, Sand à Nohan (Seuil)
Nathalie Piégay, Une femme invisible (éditions du Rocher)
Marc Weitzmann Un temps pour haïr (Grasset)
Deux autres sélections suivront, à des dates non précisées.
L'an dernier, le Prix Renaudot avait été remis à Olivier Guez pour son roman La disparition de Josef Mengele, publié chez Grasset, et à Justine Augier pour son essai De l'ardeur, chez Actes Sud.
10 Commentaires
JB
04/10/2018 à 20:22
Encore un clou enfoncé dans les livres autopubliés.
Je ne trouve pas du tout sympa de refuser un livre parce qu'il est publié par l'auteur lui-même.
C'est déjà assez difficile pour lui de se faire connaître sans le concours d'un éditeur, mais surtout par les libraires qui refusent trop souvent l'autoédition sur leurs rayonnages.
Je pense que chaque auteur a le droit d'avoir sa chance. C'est carrément de la discrimination.
Amazon ou pas Amazon, je trouve ça injuste, très injuste pour l'auteur écarté et je lui souhaite de "casser la baraque" avec son bouquin.
Roger Raynal
05/10/2018 à 01:35
J'ai assez protesté contre l'attitude lamentable des libraires (voir ma réaction sur ce sujet - bizarrement tronquée, tiens, comme c'est étonnant) pour comprendre ce refus au second tour. Pour deux raisons:
1) Le roman de Koskas est la pire publicité pour l'auto-édition : il a salopé sa mise en page comme un goret, commettant des erreurs qu'un ne laisserai pas passer dans un rapport de stage de troisième, ce qui dénote un manque total de respect du lecteur ; alors que tant d'auteurs autoédités se démènent pour obtenir des ouvrages géographiquement impeccables.
2) Son roman n'est pas de qualité, tout simplement. J'en ai publié une chronique sur le FB du club de lecture du Figaro. Bien que ces prix littéraires soient le royaume du copinage et de l'entre-soi, là, c'était un peu gros. Si Koskas pouvait candidater sérieusement au Renaudot, je pouvais viser avec mon propre roman le Goncourt, au moins (c'est dire !)
Il n'en reste pas moins que la réaction des libraires défendant leur pré carré et maniant l'anathème a été détestable.
Françoise Prêtre
05/10/2018 à 08:40
1) "il a salopé sa mise en page comme un goret"
2) Son roman n'est pas de qualité
Je lis ce livre à haute voix pour Valentin Haüy et votre commentaire est tout à fait juste, je ne comprends pas comment (ni sur quelles bases) cet ouvrage a été sélectionné. Les éditeurs (ou libraires) ulcérés par l'affront de sa sélection auraient été rassurés s'ils l'avaient seulement feuilleté.
Team ActuaLitté
05/10/2018 à 05:51
"bizarrement tronquée, tiens, comme c'est étonnant"
=> oui, ça l'est et nous en sommes désolés : il nous arrive encore de découvrir des bugs dans la modération des commentaires avant validation.
l'outil en back office peut nous indiquer que tout est opérationnel, et sur le site, un problème se pose soudainement.
Mais l'ironie du propos qui sous-entendrait que vous ayez été censuré est totalement inappropriée.
koinsky
05/10/2018 à 09:06
"inappropriée" ne me semble pas opportun ici. Je trouverais plus précis et plus juste de dire "calomnieuse", "suspicieuse" ou carrément, allons-y : "diffamante". ;)
Team ActuaLitté
05/10/2018 à 09:11
;-P on a du savoir vivre !
Michel LAURENT
05/10/2018 à 10:58
Il y a 2 problèmes distincts: celui de l'existence d'Amazon et celui de la visibilité, les libraires détestent ce qui ne fait pas partie de la liste des éditeurs classiques, j'en ai fait l'expérience avec ma pièce de théâtre sur Jules Verne, "Lettres à Jules Verne", Edilivre ça ne leur parle pas, ils ne veulent même pas entendre parler de théâtre "contemporain"!
Roger Raynal
05/10/2018 à 12:04
Cher Michel, s'il y a bien deux choses qui ne se vendent désespérément pas en France, ce sont les recueils de nouvelles et... les pièces de théâtre !
C'est très regrettable (je vais publier bientôt un recueil de nouvelles, nous sommes donc frères kamikazes), mais il est illusoire de penser qu'en librairie vous (nous...) serez accepté (les seules pièces sont les classiques pour les scolaires...). De plus, les libraires, sortis de leurs diffuseurs attitrés, sont plus que méfiants. Ils vivent d'une véritable cavalerie financière entre avances, diffuseurs /editeurs et retours des invendus, un système en train de s'emballer qui ne permet que rarement d'exercer son libre arbitre. Pour être clair, les librairies sont des filiales franchisées des grands éditeurs. Quel que soit le talent d'un auto-édité, il ne pourra qu'exceptionnellement y trouver sa place.
JB
06/10/2018 à 13:39
Michel, Roger
Nous sommes trois kamikazes puisque je suis auteur de livres poétiques et en plus publiée en partie par Edilivre.
Vous avez dit poètes ? Un genre pas du tout aimé par les libraires qui se limitent à vendre les auteurs classiques.
Tous les critères pour être mis au placard par les libraires dont certains ont poussé le vice à mettre mes livres tout au fond du rayon poésie. J'ai même retrouvé mes ouvrages déchirés alors qu'ils é3taient neuf lors de la mise,en dépôt vente...
Ce qui fait qu'aujourd'hui je vends mes livres moi-même et que j'achète les livres que je lis, partout sauf chez un libraire..
Cherchez l'erreur...