Le Prix Canut est décerné par la « République des Lettres et des Canuts » à Pascal Grand pour L’Envers de la Charité, Pavillon noir (Éditions Corsaire). Cette association du quartier de la Croix-Rousse récompense ainsi chaque année un livre consacré à Lyon, aux Lyonnais... et pour cause.
Le 03/02/2020 à 12:32 par Clément Solym
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03/02/2020 à 12:32
Lyon, juin 1786. Antoine Léonard Toussaint, chirurgien juré auprès du bailliage d’Orléans, est le promoteur d’une science nouvelle, la chirurgie judiciaire (qui deviendra la médecine légale après la Révolution). Au printemps de l’année précédente, Toussaint a résolu l’énigme d’une série de meurtres commis à Orléans : plusieurs jeunes femmes ont été égorgées, et les premiers éléments orientaient l’enquête vers la raffinerie de sucre Marotte.
Suite au succès retentissant de son ouvrage, paru dans l’été 1785, le Traité de chirurgie judiciaire à l’usage des chirurgiens jurés, Toussaint a été invité par l’académie des sciences de Lyon à venir donner une série de cours au collège de chirurgie de la ville. Toussaint et sa jeune épouse se sont installés à Lyon. Alors qu’il donne son premier cours de chirurgie judiciaire, le corps d’Eugène Coudurier, l’un des dix-huit recteurs qui administrent l’hôpital de la Charité, est découvert dans l’apothicairerie dont il avait la charge.
Toussaint est pressé de mener l’enquête. Il se voit investi des pleins pouvoirs de police et apprend alors que, quelques mois plus tôt, un premier recteur a été assassiné dans cette même apothicairerie — cette première affaire n’a pas été résolue.
Aidé du commissaire Bernardin et d’un jeune apothicaire, Toussaint enquête au sein de la Charité. Cet hôpital a été construit au début du 16e siècle à l’initiative de la municipalité pour faire face à l’afflux de mendiants dans la ville. En 1786, l’hôpital héberge différentes communautés d’enfants orphelins, de vieillards, d’infirmes. Affaire de trafic de médicaments et de drogues ? Toussaint a vite la conviction qu’il s’agit d’une affaire aux enjeux colossaux. Il est confronté aux agissements d’une bande organisée qui agit à l’intérieur comme à l’extérieur de la Charité.
Le premier volet des aventures d’Antoine Léonard Toussaint (De sucre et de sang) se déroulait à Orléans, offrant un tableau vivant de la société d’Ancien Régime à travers l’industrie de raffinage du sucre et de la batellerie de Loire. Le second volet prend place à Lyon, et c’est la société lyonnaise du XVIIIe siècle qui sert de cadre à l’intrigue : passion du jeu, du théâtre, mais aussi condition sociale des ouvriers en soie, monde de la prostitution. Ce second ouvrage, comme dans le premier déjà, offre par ailleurs un tableau saisissant de la médecine avant les découvertes scientifiques majeures du XIXe.
Cadre de l’Éducation nationale, Pascal Grand est lyonnais ; il a vécu vingt-cinq ans à Orléans avant de revenir s’installer dans sa ville d’origine.
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