La 38e édition du Marché de la Poésie, prévue du 21 au 25 octobre prochain, n'aura finalement pas lieu. À quelques semaines de l'événement, les organisateurs ont été obligés de renoncer, malgré une assurance de respecter les gestes barrières et toutes les mesures sanitaires. Vincent Gimeno-Pons, délégué général du Marché de la Poésie, met en cause le « mutisme volontaire du préfet de police de Paris ».
La 38e édition du Marché de la Poésie, qui devait se dérouler « pour le livre et la lecture » et garantir aux poètes, éditeurs de livres et de revues un peu de visibilité, n'aura finalement pas lieu en 2020. Le 9 octobre dernier, les organisateurs annoncent l'annulation de la manifestation, prévue du 21 au 25 octobre prochain. Cette 38e édition avait déjà été reportée, puisqu'elle devait à l'origine prendre place entre le 10 et le 14 juin 2020.
Comme chaque année, le Marché de la Poésie était accueilli par la Foire Saint-Sulpice, structure qui accueille les salons sur la place homonyme, dans le 6e arrondissement de Paris. Marchés de la céramique, de la photographie, de la bibliophilie ou encore des antiquaires mutualisent leurs moyens, pour mieux investir cette place parisienne.
Or, la Foire Saint-Sulpice a fermé ses portes, faute d'instructions claires du préfet de police de Paris, indique Vincent Gimeno-Pons, délégué général du Marché de la Poésie. « La Foire ne pouvait maintenir les stands pendant 15 jours sans certitude de pouvoir ouvrir les marchés. Il s'agit d'une économie très fragile », souligne-t-il. Quelques-uns des marchés de la Foire, comme ceux du livre et papiers anciens ou de la céramique ont pu se dérouler ces dernières semaines, mais les nouvelles mesures sanitaires en vigueur dans la capitale ont rendu l'organisation d'événements incertaine.
Pour autant, Vincent Gimeno-Pons déplore l'absence de réponse de la préfecture de police de Paris, un « mutisme volontaire », selon lui, « pour ne pas assumer la responsabilité de la fermeture de la Foire ». Selon l'avocat de la Foire Saint-Sulpice, « aucune réponse ne sera donnée par la préfecture ». Nous avons tenté de joindre cette dernière, sans succès.
D'après le délégué général du Marché de la Poésie, le respect des gestes barrières, le maintien d'une jauge de 1000 personnes sur le site ou encore les masques obligatoires auraient pu permettre d'organiser sereinement la manifestation.
Un autre événement en fin d'année ?
Pour les auteurs et les éditeurs de poésie ou de revues littéraires, l'annulation du Marché de la Poésie vient rendre un peu plus difficile une année 2020 déjà terne. « Les trois quarts des éditeurs qui sont présents au Marché ont peu de visibilité en librairie et dans la chaine du livre en général. 400 nouveautés paraissent au moment du Marché de la Poésie, ce qui souligne son importance dans ce domaine. »
Après plusieurs annulations successives, Vincent Gimeno-Pons ne cache pas son désarroi. « Nous sommes ravis que Roland-Garros puisse avoir lieu, que les marchés alimentaires soient maintenus, mais nous avons l'impression que la culture passe après, et que le Marché de la Poésie, pour certains, ce n'est pas important. »
Il déplore par ailleurs l'attitude de la direction de l'attractivité de la Ville de Paris, qui, « plutôt qu'aider la Foire Saint-Sulpice à mettre en œuvre les mesures sanitaires, a multiplié les tentatives pour déstabiliser ses activités, en anticipant bien avant les directives de la préfecture ». Nous avons tenté de joindre la municipalité, sans succès.
Une lettre ouverte a été envoyée ce 13 octobre à Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture : « Nous espérons qu'elle puisse faire comprendre que des décisions prises à la légère ont des conséquences sur les éditeurs de livres et de revues », souligne Vincent Gimeno-Pons.
Si le Marché de la Poésie a maintenu ses événements « en périphérie », qui « se déroulent très bien » selon le délégué général, l'incertitude reste de mise. Un événement pourrait avoir lieu au moment des fêtes de fin d'année, peut-être en partenariat avec le Salon de la revue, annulé également. Quant au Marché de la Poésie 2021, en juin prochain, « personne ne peut dire ce qu'il en sera »...
Photographie : le Marché de la Poésie 2018 (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Commentaires
tatou, le 14/10/2020 à 08:38:39
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Toinou, le 14/10/2020 à 10:14:41
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MJ, le 14/10/2020 à 08:49:53
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