L'association Lire à Nancy rassemble quelques-uns des plus importants libraires de la ville. Et, chaque année, ils remettent, en association avec la rédaction du magazine Le Point, un prix « Coup de coeur » pour un ouvrage de la rentrée littéraire, au Livre sur la Place. Pour 2014, le lauréat est Pas Pleurer, de Lydie Salvayre, publié par Seuil.
Le 12/09/2014 à 16:51 par Antoine Oury
Publié le :
12/09/2014 à 16:51
Christophe Ono-dit-Biot et Lydie Salvayre - Livre sur la Place 2014
Lydie Salvayre s'est déclarée « extrêmement touchée » par la récompense, d'autant plus que Pas Pleurer occupe une place particulière dans sa vie et sa bibliographie. Le livre se déroule pendant la guerre civile espagnole des années 1930, et propose deux visions, en parallèle. La première est celle de la mère de la narratrice, Montse, derrière laquelle se dessine l'image de la propre mère de l'auteure.
La seconde est bien moins personnelle, puisqu'il s'agit de Georges Bernanos, qui observe les événements depuis Majorque. « Il assiste ainsi aux exécutions sommaires commandées par son camp, celui de la Phalange. Et, surtout, il décide de renier ses convictions monarchistes et catholiques, pour dénoncer ces massacres », explique l'auteure.
Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationaux avec la bénédiction de l'Eglise catholique contre les " mauvais pauvres ". Son pamphlet, Les Grands Cimetières sous la lune, fera bientôt scandale.
Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et " mauvaise pauvre ", qui, soixante-quinze ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l'insurrection libertaire par laquelle s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne, jours que l'adolescente qu'elle était vécut avec candeur et allégresse dans son village de haute Catalogne.
Retrouver Pas pleurer en librairie
« C'est un livre que je porte depuis longtemps, mais la lecture de Bernanos l'a appelé », explique Salvayre, qui admet avoir été pendant longtemps réticente à cet auteur, présenté comme fervent catholique. Pas Pleurer, sous un titre emprunté à une lettre de Marina Tsvetaïeva, se présente aussi comme un extrait d'utopie : « Au moment de la guerre civile, en 1936, on s'organise sur le mode de la Commune, sans hiérarchie, sans argent... C'est un rêve, et, comme tous les rêves, il ne dure pas. Mais, par l'utopie, c'est à l'impossible que nous sommes tenus, c'est au rêve que nous sommes tenus, pour qu'un peu de possible advienne », termine l'auteure.
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