Les 80 ans de la naissance de Perec sont l'occasion de se remémorer un écrivain atypique. Le célèbre membre de l'Oulipo aura marqué les esprits. Son nom ou son œuvre, et surtout La Disparition, sont associés à une figure de style, le lipogramme. C'est un hommage assez unanime et surtout sans frontières, comme le montre Google, avec son Doodle du jour amputé de sa lettre finale.
Le 07/03/2016 à 17:52 par Joséphine Leroy
Publié le :
07/03/2016 à 17:52
(2010jade1, CC BY-NC-ND 2.0)
Même le géant américain rend hommage, à sa façon, à Georges Perec, un auteur atypique dont l'influence n'est plus à prouver. Quand le Doodle de Google efface son « e », l'image est parlante.
Georges Peretz, plus connu sous le nom de Georges Perec, est né le 7 mars 1936. Il est mort le 3 mars 1982 d’un cancer des bronches. Ses parents étaient des juifs polonais : enfant de la Seconde Guerre mondiale, il passe son enfance dans le quartier de Belleville et subit très jeune la mort de son père, au combat, en 1940. Sa mère, qui l’isole pour le protéger des nazis à Villard-de-Lans, n’aura survécu que peu de temps à son mari. Déportée à Auschwitz, elle y meurt en 1943. Ses protecteurs francisent alors le nom du jeune Georges.
Il ne retournera à Paris qu’en 1943 où il passera une licence d'histoire qu'il ne terminera pas, se fera psychanalyser par Françoise Dolto et effectuera son service militaire dans une unité de parachutistes. Il se marie et entre, en 1962, au CNRS en tant que documentaliste en neurophysiologie.
En 1965, il obtient le prix Renaudot pour Les Choses, une histoire des années soixante. Un homme qui dort sera publié deux ans plus tard, en 1967. C'est en 1969 qu'il sort La Disparition, ouvrage emblématique dans l'œuvre de Perec, auquel il fera répondre, en écho, Les Revenentes, avec une surexploitation de la lettre qu'il avait auparavant supprimée. En 1978, quatre ans avant sa mort, il publie La Vie mode d'Emploi.
Il retournera dans le quartier de son enfance vite volée. Dans un entretien filmé, à Belleville, sur les lieux de sa première jeunesse, il parlera de cette difficulté d'inscrire ce lieu dans sa propre histoire :
La rue n'est plus qu'un souvenir de rue. C'est une rue qui est en train de mourir depuis des années, c'est des terrains vagues. La maison où ma mère avait son petit magasin de coiffure est encore restée debout. (…) C’est une maison que j’ai connue avant la guerre jusqu’en 1942 et que je n’avais pas revue ensuite depuis des années et des années. Je l’ai redécouverte vers 1960 seulement et j’ai mis beaucoup de temps à me rendre compte que c’était précisément cette maison et cette porte. Pour moi, ça a été le départ de ma tentative autobiographique qui était informe au début (…) J’ai mis du temps à assumer mon histoire comme telle (…) et d’arriver à cerner quelque chose qui soit ma propre histoire, mon propre espace, mon propre lieu (…). J’ai mis beaucoup de temps à me sentir appartenir de nouveau à ce quartier.
Aujourd'hui, beaucoup se revendiquent héritiers de Perec, de son travail sur la fragmentation des souvenirs et de l'identité.
(via Wikipédia)
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