2021 sera annus horribilis pour les cinémas, après une année 2020 lourdement chargée. Noire, donc, et noircie après les déclarations de WarnerMedia. La firme annonce que toutes ses productions seront, l’an prochain, diffusées en salles, mais également en streaming, sur HBO Max. De quoi anticiper de nouveaux confinements…

Évidemment, la donnée économique devient majeure : dans la perspective de nouvelles fermetures de cinémas sur le territoire américain, mieux vaut assurer ses arrières. Or, l’année 2021 dispose d’un planning pour le moins délicieux : Dune, en tête de liste, déjà repoussé à octobre 2021, l’adaptation de Denis Villeneuve, ou encore le moins reluisant — après un premier opus raté — The Suicide Squad de James Gunn.
Streamer n'est pas jouer
Les cinémas et propriétaires de salles crient au scandale : on les privera de ressources, alors que les spectateurs privilégieront le visionnage en direct depuis leur canapé. Toute une chronologie des médias qui explose, parce que Warner Bros. anticipe des retours pandémiques presque inévitables.
Clasey Bloys, directeur du contenu chez HBO, a indiqué que HBO Max récupérerait également quelques-unes des productions actuellement diffusées sur Netflix. Logiquement : Disney avait fait de même en prévision du lancement de Disney+.
Alors quid ? Eh bien, non seulement la mesure de double diffusion — en salles et en streaming — concernera les États-Unis, mais HBO planifie une généralisation sur d’autres pays. Sachant que HBO Max a déjà servi la cause des émissions de DC Universe, la filiale cinématographique de DC Comics, la boucle commence à se boucler.
Élaborant une riche bibliothèque de films, notamment à partir des productions découlant des bandes dessinées de l’éditeur, HBO Max vise bel et bien un public international — à l’image de l’épidémie Covid qui frappe le monde. La base de fans ne se limite de toute évidence pas aux seuls États américains, et accroître la portée du service de streaming n’est qu’une mesure de prudence. Économiquement prudente.
La lourde dette d'AT&T
Reste que la secousse pour l’industrie du film est puissante : si l’on ajoute des Matrix 4 ou Godzilla vs Kong, blockbusters en puissance, les dégâts pourraient être sérieux. Et ce, malgré la relative bienveillance qu’affiche HBO Max. En effet, les films ne seront diffusés que pour une période d’un mois, et resteront plus longuement dans les salles, avec par la suite un calendrier de sortie normal en VàD et supports physiques.
Pourtant, personne ne semble avaler la couleuvre. « Les entrées de films se jouent dans les premières semaines. Si deux canaux cohabitent, avec l’un proposé sur abonnement — même s’il envisage des coûts unitaires additionnels et spécifiques pour un film —, les salles le sentiront passer », nous affirme un responsable de chaîne française.
De toute évidence, si une nouvelle pandémie, ou la même, avec mutation, devait survenir en 2021, les États, et les sociétés de divertissements auront d’autres préoccupations plus urgentes à gérer. Actuellement, le marché américain compte plus de 60 % de fermeture de cinémas : déjà fragilisé, le secteur s’apprête donc à souffrir.
Et, cerise sur le gâteau, la société mère de Warner, AT&T, a quelques milliards de dollars de dettes à éponger, conséquence du rachat, justement, de Warner Bros. Les reports de sortie, les difficultés contemporaines se heurtent donc à la réalité financière du groupe.
En tout, 17 films sont d’ores et déjà concernés par la décision. « Nous vivons une époque sans précédent, qui appelle des solutions innovantes, y compris cette nouvelle initiative pour le groupe Warner Bros. Pictures », affirme Ann Sarnoff dans un communiqué. Pour le groupe, il s'agit ainsi de soutenir ses propres productions, en générant de l’argent par les abonnements à HBO Max.
Trop tard pour faire dans la dentelle, manifestement.
En France, les séries de HBO sont diffusées par OCS. Mais rien n’est précisé pour ce qui sera mis en place en 2021.
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No future, le 07/12/2020 à 08:13:13
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