Il faudra patienter encore quelques semaines avant de découvrir la prochaine exposition de la galerie Gallimard. Cette dernière s’ouvrira avec une exposition consacrée aux femmes, du 9 septembre au 17 octobre. Au menu, Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute, Marguerite Duras, Annie Ernaux, et leurs contemporaines…

« On ne naît pas femme, on le devient », avait écrit Simone de Beauvoir, dans Le Deuxième sexe. Avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque Nationale de France et en partenariat avec l’Institut Mémoires de l’Édition contemporaine, la galerie Gallimard mettra donc les autrices à l’honneur.
« L’attribution du prix Goncourt à Elsa Triolet en 1945 marque l’entrée des femmes dans un palmarès aussi masculin que l’était alors son jury. L’événement inaugure une période de forte progression de la mixité en littérature, après des décennies de sous-représentation des auteures dans les catalogues des éditeurs français en dépit de l’élargissement du lectorat féminin », indique la maison, en préambule.
Alors voilà : 35 ans de création littéraire, 35 ans d’émancipation autour de femmes, célébrées par la présentation d’une soixantaine de manuscrits d’exception, photographies et documents éditoriaux. Le tout pour restituer la diversité des nuances liée à la singularité de chaque œuvre et personnalité.
Les Éditions Gallimard accueillent dès l’après-guerre un grand nombre d’auteures de la génération née entre 1890 et 1920, avec Elsa Triolet, Nathalie Sarraute, Marguerite Yourcenar, Violette Leduc, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, mais aussi Béatrix Beck, Zoe Oldenbourg ou Hélène Bessette.
Plusieurs œuvres marquent leur temps, émancipées du petit roman sentimental ou de la chronique familiale du premier XXe siècle, tant par leur ambition formelle que sociale. Le dévoilement de la condition féminine et l’expression d’un « réel » féminin, en toutes situations de l’expérience individuelle et collective, est l’une des grandes polarités de l’époque, sans exclusive. Elle se confirme avec l’arrivée sur scène de nouvelles voix.
En 1974 paraît le premier livre d’Annie Ernaux, Les Armoires vides : au comité de lecture de Gallimard, on est admiratif, mais on constate encore que l’auteure fait exception parmi ses contemporaines : « Jusqu’ici, on les compte sur les doigts d’une seule main. »
Quatre citations pour patienter
« Je voyais dans mes livres mon véritable accomplissement et ils me dispensaient de toute autre affirmation de moi. » Simone de Beauvoir, La Force des choses, 1963
« Toutes les femmes de mes livres, quel que soit leur âge, découlent de Lol V. Stein. C’est-à-dire, d’un certain oubli d’elles-mêmes. » Marguerite Duras, La Vie matérielle, 1987
« Les femmes sont presque toutes des intellectuelles, en puissance, à venir, oui ! » Marguerite Duras, 1973
« Sentiment d’être composée de multiples morceaux de femmes ; il y a en moi de la Dalida, Yourcenar, Beauvoir, Colette, etc. Même Sand. » Annie Ernaux
illustration : Simone de Beauvoir - MEDIODESCOCIDO CC BY 2.0
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Florence Ludi, le 14/07/2020 à 09:32:33
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