#SalTo18 – Le bilan du Salon du livre de Turin ne se mesure pas simplement à l’aune de ses visiteurs, venus par dizaines de milliers. Pour son commissaire général, Nicola Lagioia, 2018 marque avant tout l'âge de la maturité.
« Le Salon du livre à Turin est un bien commun », assurait Massimo Bray, président de la manifestation. Alors que la fréquentation dans le Lingotto et hors les murs a dépassé les 170.000 visiteurs, Turin vibre au rythme de ce qui est devenu « un grand projet culturel, un laboratoire d’idées et de contenus ».
Et se référant à l’article 9 de la Constitution, il précisait que ce bien commun « ne fixe pas les limites entre la propriété publique et la propriété privée : il faut partie des fondations sur lesquelles repose notre pays ».
L’engagement de la mairie de Turin, et de Chiara Appendino, la maire, se confirmera en 2019, et pour de nombreuses années souhaite-t-elle. « Être la maire de cette ville, devenue LA ville du livre en Italie, c’est une grande émotion, qui résulte de plusieurs années de travail », indiquait-elle à ActuaLitté. « Nous travaillons déjà à la 32e édition, et sommes très fiers de représenter cette communauté. La présence de jeunes, des écoles, est un signe d’espoir pour nous. »
Massimo Bray, Chiara Appendino - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Un engagement signé avec la région Piémont, définitivement aux côtés de la manifestation.
Mais la parole la plus juste revient assurément au responsable du Salon, Nicola Lagioia. Car si le succès est incontestable, et la ferveur populaire présente, les critiques n’ont pas manqué : un temps d’attente et des files qui n’en finissaient pas pour accéder aux salles de conférences, par exemple. Certains sont même allés jusqu’à proposer d’augmenter le prix d’entrée des billets pour limiter le nombre de visiteurs.
Le samedi après-midi, le Lingotto a dû fermer ses portes après avoir atteint sa capacité d’accueil maximale. À Livre Paris, on en rêverait.
« Nous pouvons certainement faire mieux, mais il est difficile d’en faire plus avec l’espace disponible », lance-t-il. « Ne soyez pas trop esclaves des chiffres, parce que les lieux sont limités par nature : c’est une question de géométrie euclidienne. Nous obéissons aux lois de l’espace physique, qui ne sont pas extensibles », plaisante-t-il.
Pousser les murs ? Difficile, en effet. Mais l’enjeu était ailleurs : le Salon est parvenu à son véritable objectif, celui d’être la foire nationale pour le livre, où auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires et lecteurs se retrouvent. « Nous devons désormais placer la barre de la croissance sur la qualité de notre projet culturel. »
Nicola Lagioia - ActuaLitté CC BY SA 2.0
En effet, l’an passé, Turin s’est forgé en opposition à Tempo di Libri, la manifestation milanaise, lancée un peu hâtivement et présentée comme la foire professionnelle du pays. Le succès impressionnant de Turin montre « que nous avons la preuve de la maturité : cette année, il n’y avait plus de rivalité. Le Salon s’est montré fort, sans avoir besoin d’ennemi », explique-t-il.
Or, les dérangements rencontrés par le public sont le fait de cette réussite, justement. « Le secret est de ne pas trahir ce que l’on aime. Nous avons démontré que, quand on parle de livres, c’est le contenu qui crée le marché et non l’inverse. On a trop souvent pensé qu’à mettre la barre trop haut, on risque une diminution du public : c’est le contraire qui s’est produit. »
« Nous allons nous accorder quelques semaines de repos : je ne voudrais pas que le succès de ce salon soit inversement proportionnel à la santé de ceux qui le font » @NicolaLagioia @c_appendino @SalonedelLibro @twitorino #salonedellibro #torino pic.twitter.com/9ItjBgjyX8
— ActuaLitté (@ActuaLitte) 14 mai 2018
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