Étonnante, mais plaisante réaction, du ministère de la Culture. Alors qu’un collectif d’auteurs signait une lettre ouverte alarmante, la rue de Valois dégaine une mission de réflexion portant sur la bande dessinée, en France. Et ce alors que s’ouvre aujourd’hui le festival de la BD d’Angoulême. Un modèle de réactivité.
« Auteurs de BD en danger », le titre du courrier ne laissait aucune place au doute. Avec plus de 400 signataires de la lettre, les auteurs de BD se mobilisaient à la veille de l’inauguration de la 45e édition du FIBD.
Dans le cas de la bande dessinée, il est désormais fréquent de se voir proposer 7000 euros, souvent moins, pour accomplir une œuvre qui nécessite un an de travail à temps plein. Le marché du livre et son économie se sont construits sur cette précarité. Nous fournissons textes et images, matières premières du secteur de la bande dessinée (éditeurs — diffuseurs — distributeurs) dont la presse, chaque année, à l’occasion du festival d’Angoulême, rappelle l’excellente santé économique.
C’est un étrange jeu d’équilibriste auquel nous assistons, où les créations n’ont sans doute jamais été aussi vivantes, variées, enthousiasmantes, et les auteurs aussi pauvres — dans leur grande majorité.
Les services du ministère réagissent avec promptitude, rappelant que 29 % des Français ont lu une bande dessinée au cours des 12 derniers mois – des chiffres découlant du Département des études de la prospective et des statistiques, étude de... 2012. Plus proche de nous, on peut simplement souligner que la BD représentait 15 % de l’activité de la librairie l’an passé – contre 28 % pour la littérature.
La rue de Valois ajoute que le secteur « occupe une place de premier plan dans la création contemporaine et sa diffusion connaît une forte croissance ». Et d’affirmer que 10 % du chiffre d’affaires de l’édition est réalisé par la BD. Le SNE présentait plutôt un chiffre de 9 % pour 2016, incluant comics et manga. Le secteur avait d’ailleurs reculé de 6 % en chiffre d’affaires, passant à 245,6 millions € contre 261,5 millions € en 2015.
Mais qu’importe les chiffres, on parle ici avant tout des créateurs et de la précarité de leur situation. Pour ce faire, Pierre Lungheretti, directeur général de la Cité internationale de la Bande Dessinée et de l’image à Angoulême a été missionné.
Il doit ainsi apporter une réflexion sur les politiques en faveur de la bande dessinée, portant sur :
la préservation du patrimoine de ce secteur et la régulation du marché de l’art ;
l’exposition et la diffusion publique de la bande dessinée dans les territoires et à Paris, son apport à l’éducation artistique et culturelle ;
la formation des auteurs, les différents secteurs de l’image où ils peuvent s’insérer, l’accompagnement de leur carrière par les différentes aides publiques.
Son enquête aboutira à un rapport qui doit être présenté en septembre prochain.
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