Aux États-Unis, le monde de l’édition de mangas nippons connait ces derniers mois une forte campagne de lutte contre le piratage. Sauf que parmi les cibles de quelques défenseurs proclamés du droit d’auteur, certains sites contribuaient pourtant à donner une meilleure reconnaissance du travail des créateurs japonais à travers le monde…
ActuaLitté - (CC BY-SA 2.0)
Comme le révèle le site Torrent Freak, des sites spécialisés dans la scanlation, pratique consistant à numériser la version originale d'un manga publié au Japon pour en proposer une traduction dans une autre langue, font l’objet d’un acharnement de la part d’acteurs qui se revendiquent de la lutte antipirate. Selon l’enquête menée auprès des plateformes Mangazuki.co, MangaSushi.net ou LHTranslation.net, « [a]u moins deux de ces sites traitent environ trois millions de demandes [de retraits de contenu] par jour ».
Or, ces requêtes ne sont pas toujours conformes au texte de loi prévu pour lutter contre la violation du droit d’auteur aux États-Unis, le Digital Millennium Copyright Act (DMCA). Certaines allant même jusqu’à constituer de véritables menaces d’intimidation auprès des administrateurs des plateformes de scanlation. En témoigne par exemple cet email du groupe antipirate RemoveYourMedia reçu par LHTranslation, qui intime ce dernier de supprimer un contenu sous peine de disparaitre définitivement de tout moteur de recherche.

Les plateformes de scanlation se défendent pour leur part de contribuer à la pratique du piratage. Leur objectif principal étant d’élargir la communauté de lecteurs d’œuvres japonaises dont la traduction n’aurait pas encore été effectuée par des éditeurs étrangers. « Notre objectif [...] n’est pas de gagner de l’argent. La plupart de ces travaux sont effectués gratuitement. Nous le faisons tous parce que nous aimons tout simplement lire des mangas et voulons apporter ces séries en Occident », déclare l'un des administrateurs auprès de TorrentFreak.
Ces derniers ont fait état de trois profils types de requérants anti-pirate, dont deux font notamment obstacle à leur entreprise de plus large diffusion des mangas japonais auprès de lecteurs occidentaux. Le premier, surnommé « trolls DMCA », renvoie à des personnes n’étant nullement en possession des droits des séries, mais qui déposent des demandes de retrait au nom du respect du texte de loi.
Le second, qui pose davantage problème aux administrateurs des plateformes, « sont ceux qui dérobent nos traductions et déposent une réclamation sur notre contenu », a expliqué l’un des administrateurs auprès de TorrentFreak. En somme, un retournement du DMCA contre les auteurs des scanlations.
Le dernier profil réfère quant à lui aux personnes en réelle possession des droits. Dans ce dernier cas, les plateformes assurent retirer le contenu indiqué, et rediriger les utilisateurs vers des sites où les œuvres originales peuvent être achetées, dans des versions traduites.
« C’est pourquoi nous ne nous considérons pas comme des pirates, mais plutôt comme des fans, car notre objectif est de rendre les séries accessibles aux autres », assure MangaDex, indiquant que c'est bien la raison pour laquelle « nous disons toujours à nos lecteurs de soutenir les versions officielles et les créateurs [en les redirigeant] vers les pages d'achat des imprimés officiels anglais et dans certains cas des imprimés japonais ».
À ce titre, TorrentFreak relativise la menace que constituent les sites de scanlation. « En rendant le contenu traduit officiellement disponible […], les mangas pourraient également toucher un public plus large, supposément joint à une augmentation des revenus. » Et de conclure : « Cela semble un peu plus progressif que les e-mails menaçants et la fermeture des comptes PayPal. »
Commentaires
Black Bullet, le 23/01/2020 à 01:23:24
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Pirho, le 24/01/2020 à 10:21:09
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