Lors de la Biennale de Rio de Janeiro, le maire Marcelo Crivella avait censuré un comics où deux jeunes garçons s’embrassaient. Pour préserver les enfants, il avait contraint à mettre sous blister opaque le titre, avec un avertissement sur le contenu sexuel. Un acte homophobe qui pourrait lui coûter très cher.

L’histoire commence en septembre dernier : dans un comics, Wiccan et Hulkling s’embrassent passionnément. Rien de bien méchant, un épisode de plus dans l’univers des Avengers. Sauf que pour le festival Riocentro Bienal do Livro, l’affaire a tourné au vinaigre : le maire a menacé d’interdire la manifestation si l’on ne prenait pas les mesures pour empêcher le titre de « répandre l’homosexualité chez les enfants », selon ses propres termes.
Liberté d'expression, démocratie, tout ça, tout ça...
La mairie a nié tout acte ou comportement homophobes dans la demande du maire, soulignant plutôt la dimension sexuelle potentiellement choquante de l’histoire. Sauf que c’est tout de même par une descente de police dans le festival que cette pathétique aventure s’était soldée. Les organisateurs ayant en effet rejeté la demande du maire, ce dernier en a appelé à la force publique pour faire entendre raison.
Et on s’en souvient, celle du plus fort est toujours la meilleure.
Sauf que la manifestation n’avait pas baissé les bras : quelques jours plus tard, c’est la Cour suprême du Brésil qui intervenait… et condamnait l’action policière, autant que la polémique déclenchée par Crivella. Selon le juge, la démocratie « présuppose un environnement dans lequel les idées peuvent circuler librement ». Pas vraiment celui qu’instaurait la mairie.
Quelques mois après, les organisations de défenses LGBT+ ont décidé que le comportement de Crivella ne pourrait pas être sans conséquence. Si la manifestation avait connu une popularité jamais atteinte du fait de la polémique, le maire aurait à payer pour ce qui apparait bien comme une manœuvre homophobe.
La justice saisie pour diffamation et homophobie
Selon le HuffingtonPost Brésil, une action en justice a été intentée par Antra (das travestis e transexuais), ABGLT (de lésbicas, gays, bissexuais, travestis, transexuais e intersexos) et GADvS (Grupo de Advogados pela Diversidade Sexual e de Gênero). La semaine passée, toutes trois ont porté plainte contre Crivella, dans le but d’obtenir des dommages-intérêts, dans le cadre d’une procédure collective.

Le dessin incriminé...
Encore faut-il que le tribunal valide la demande des plaignants. « L’objectif est une réparation morale et nous demandons en plus que cessent les actes de ce genre : ils ont un caractère discriminant et vont à l’encontre de la décision de la Cour suprême. En juin dernier, elle a qualifié de criminel toute acte diffamant, contre la population LGBT », indique Maria Eduarda Aguiar da Silva, l’avocate qui représente les trois groupes. Le maire n'a pas encore réagi...
N’oublions pas qu’un Youtuber, Felipe Neto, avait reçu des menaces de mort pour avoir distribué gratuitement ledit comics. Ce dernier avait pourtant respecté à la lettre les consignes de Crivella, en empaquetant dans un plastique opaque… quelque 14.000 exemplaires qui furent offerts à tout Rio.
Le jeune homme, âgé de 31 ans, avait d’ailleurs dévoilé que les menaces pesaient également sur sa propre mère – le bienvenu soutien de Paulo Coelho aura au moins eu le mérite d’attirer l’attention.
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