Atteint de la Covid, Emmanuel Macron ne renonce pas “à la force des mots”
Testé positif au Covid, le président français choisit ses mots avec plus encore de mesure et de soin. Emmanuel Macron, en quarantaine forcée après avoir appris qu’il était touché par le coronavirus, joue la communication transparente. Et toujours avec des mots plus choisis. Les causes de sa contamination restent floues — autant que les conséquences — mais le vocabulaire toujours précis.
Le 19/12/2020 à 10:46 par Nicolas Gary
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Publié le :
19/12/2020 à 10:46
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Comme le démontre une récente vidéo du président, son expérience donne lieu à un nouvel exercice pédagogique — rappel des gestes à adopter en cas de contamination, recours à l’application TousAntiCovid, un peu tardive, et ainsi de suite. Mais le président se veut rassurant, et surtout transparent, sur la manière de communiquer.
« Hier j’ai été testé positif, ce qui montre que le virus, vraiment, peut toucher tout le monde, parce que je suis très protégé. Je fais attention, je respecte les gestes arrière, les distances, je mets le masque, du gel hydroalcoolique de manière régulière. […]. Peut-être sans doute un moment de négligence, un moment de pas de chance aussi, mais c’est ainsi. »
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 18, 2020
Le poids des mots, le choc des réseaux
Quelques jours plus tôt, dans un entretien au Point largement repris par l’AFP, le président avait d’ailleurs justifié ses procédés rhétoriques et son usage de la langue. Un langage fleuri qui depuis ses premiers pas à l’Élysée prête à sourire : on se souvient du terme "croquignolesque", employé dans une intervention d’octobre 2017… emprunté aux Pieds Nickelés et que l’on retrouvait sporadiquement en littérature, chez les Hussards aussi bien que Céline ou Rimbaud.
Or, dans Le Point, Emmanuel Macron brandissait donc « lexique large et de tournures de phrases parfois exigeantes », qui serait à l’opposé des techniques populistes : vocabulaire réduit, phrases concises ou encore rhétorique grossière.
Parce que l’emploi de termes choisis, parfois désuets, et recourir à « une langue de nuances et de justesse, c’est déjà résister », indiquait-il. Les mots finement employés, nous versons déjà presque dans la poésie. Pourtant, le président avoue une tendance à des discours longs, trop longs.
« Les Français apprécient la pensée agencée de manière ordonnée, transparente ; le raisonnement au fond ; la démonstration qui recherche l’adhésion rationnelle. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut faire que des prises de parole d’une heure et demie — j’ai sans doute souvent été trop long. Mais renoncer à la rhétorique, à la force des mots, non ! »
Fréquenter le français par les livres
Si la langue française a fondé le territoire — l’édit de Villers-Cotterêts de 1539 avait rendu l’usage du français obligatoire dans les documents administratifs, en détrônant le latin — Emmanuel Macron se fait donc le champion défenseur ardant d’un langage fort et puissant. « Pour ceux qui dirigent le pays ou aspirent à le faire, fréquenter le français par les livres, les essais ou la littérature me semble important », relève-t-il.
Peut-être son activité d’écrivain — une vocation qu’il avait longuement nourrie assurait son épouse Brigitte Macron — n’est-elle pas bien loin en prononçant ces paroles. « Je pensais vivre avec un écrivain. Je pensais qu’il écrirait. Qu’il aurait une notoriété, je n’en ai jamais douté, mais je pensais qu’elle serait d’ordre artistique », assurait en effet Mme Macron.
Ce sera par le discours politique — qu’il cherche à défendre contre ceux, chaînes d’info continue en ligne de mire, qui le déstructurent, pour le ramener à de petites phrases ou « un bandeau en quelques caractères » — qu’il déploie donc son énergie linguistique.
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3 Commentaires
NAUWELAERS
19/12/2020 à 20:59
Macron est le roi -ou le président -du «en même temps», même dans le domaine linguistique !
Lui a-t-on assez reproché ses anglicismes, sa déclaration assez douteuse -alors qu'il était encore candidat - du 4 février 2017 à Lyon.
«Il n'y a pas de culture française. Il y a une culture en France: elle est diverse.»
Ce qui est en gros exact mais la proposition initiale est choquante et blessante, d'une insigne maladresse.
Même si face à la bronca -de ses opposants politiques notamment mais pas seulement--Macron s'en est expliqué de façon plus ou moins convaincante, le mal était fait entre-temps.
En fait les malentendus abondent dans ce genre de polémiques, depuis des décennies précédant le règne non légitime mais inévitable des réseaux plus ou moins sociaux !
Le 19 mai 1974, le tout nouveau président Giscard d'Estaing livra un discours d'investiture en anglais, disponible sur le site de l'INA.
C'est un régal d'un comique involontaire: Giscard réussit presque à imiter l'irrésistible accent français irriguant sa maîtrise relative de la langue de Shakespeare qui permit à Maurice Chevalier et sa pomme de conquérir les foules américaines, au point d'y obtenir -ce qu'on a oublié -le surnom
de «the King»avant Clark Gable puis Elvis !
Depuis longtemps, les défenseurs de la langue française marquent ce jour-là -le discours giscardien en anglais pataud, souffreteux et poussif - d'une pierre noire, celui qui aurait marqué le début de l'anglicisation du pays à marche forcée.
Mais elle a commencé bien plus tôt -au moins une quinzaine d'années auparavant, inspirant la chanson «La Langue française» de Léo Ferré, entre autres réactions.
Voire à la Libération, rendant les yankees incroyablement populaires par ici, les jeunes rois du pétrole qui nous restituèrent une vie autonome et pleine d'une énergie explosive.
L'anglicisation date de cette époque, avec notamment ces auteurs français de romans policiers aux faux noms anglais, comme pour des Hallyday, Mitchell et autres Dick Rivers et autres bien plus tard (réservés aux chanteurs hommes, Sheila exceptée)...
Rien de nouveau sous notre soleil trop rare.
Quant au discours irrésistible (mais de façon ni prévue ni protocolaire) -disons «angloïde» -de l'Impétrant le plus important de France en ce beau printemps 1974, Giscard d'Estaing, il était destiné aux télévisions étrangères et donc parfaitement légitime.
Les apparences étaient une fois de plus trompeuses.
En ce qui concerne la soudaine dilection proclamée du président Macron pour notre langue française, aurait-elle en fait quelque lien avec la campagne de dénigrement que l'oncle Sam, en chaire de «sa» vérité d'où il harangue la planète, mène contre la France, notamment après l'ignoble assassinat du professeur Paty ?
Cela changera-t-il avec le nouveau président Joe Biden (voire... coprésident si Trump -persuadé contre vents et marées de sa victoire éclatante - s'accroche à la Maison-Blanche telle une moule monomaniaque à son rocher, et qu'il ait tout le monde à l'usure ! Voici l'incipit de mon premier roman !)?
Que l'on soit macronien ou non, on espère que ces bonnes dispositions du président envers une langue parlée dans tant de pays et de continents ne dureront pas ce que durent les roses, l'espace d'un matin, pour citer un des plus magnifiques locuteurs d'une culture que l'on peut qualifier ici de française sans ridicules rotations malhonnêtes autour du pot: Ronsard...
La belle culture française ne signifie pas et n'a évidemment jamais signifié: repli stérile, autiste sur elle-même.
N'en déplaise aux pisse-vinaigre et autres pisse-froid, bref quiconque pisse du vinaigre froid !
Les francophobes disons et leurs tristes litanies...
C'est pourquoi on peut l'adorer avec ferveur;sous tous ses aspects, aussi bien franco-français et parisiens que d'autres régions de France, et bien sûr d'ailleurs où que ce soit, en commençant par de nombreux pays africains (un immense réservoir pour la francophonie) et le Québec, et les voisins proches: la Belgique, la Suisse, le grand-duché de Luxembourg.
Macron et la langue française ?
Affaire à suivre et non conclue !
CHRISTIAN NAUWELAERS
M. Tresnhaut de Rennes
21/12/2020 à 15:59
Cher Monsieur,
À vous lire, on comprend que vous êtes très satisfait de ce que vous écrivez et, en même temps, on n'y comprend rien. Au moment où j'étais à peu près sûr d'avoir affaire aux divagations d'un pisse-froid-peine-à-jouir, vous semblez rabrouer ces mêmes fâcheux.
Pour la clarté et la structure du discours, entre autres, je me disais que vous pourriez peut-être vous inspirer de notre président ?
Edith de Nantes
21/12/2020 à 10:02
J'ignore ce qu'est une quarantaine non forcée ;-)
On aurait pu avoir la chance d'échapper à la Macronisation avec cette maladie : malheureusement, même malade, le porteur ne peut s'empêcher de pérorer.