Amazon a désormais interdiction de vendre des livres en France
Le jugement de ce 14 avril aura des répercussions. Le tribunal de Nanterre, qui devait trancher entre la santé des salariés et la liberté de commerce, a donné tort à Amazon. L’assignation déposée par Sud-Solidaires réclamait la fermeture de tous les entrepôts de l’Américain. Il n’en sera rien, mais la productivité sera largement réduite.
Le 14/04/2020 à 15:49 par Clément Solym
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14/04/2020 à 15:49
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« C’est une bombe sanitaire et sociale qui est en train d’exploser et qui concerne plus de 10 000 travailleurs directs, mais aussi une armée d’intérimaires et de livreurs », indiquait le syndicat qui réclamait un arrêt de l’activité. Ou à défaut, que l’on impose à Amazon Logistique France de ne plus livrer que les marchandises essentielles — soit 10 % de son actuel débit.
Voilà des semaines qu’en France, en Italie, aux États-Unis, la question de la sécurité sanitaire de l’entreprise était au cœur des discussions — et des protestations. Dans Le Parisien, ont faisait état d’un absentéisme de l’ordre de 40 à 60 % selon les sites français…
Déjà, sous la pression des syndicats américains, Amazon avait été contraint de fermer un premier entrepôt le 26 mars. « Je peux comprendre qu’ils maintiennent le flux pour des fournitures médicales et de la nourriture, mais ce n’est pas le cas ici. Quelqu’un en quarantaine aurait-il vraiment besoin de nouvelles chaussures à porter chez lui », interrogeait un employé ?
Un million € d'astreinte par jour
Et voici que le jugement du tribunal judiciaire vient de tomber : Amazon France dispose d’un délai de 24 heures pour « restreindre l’activité de ses entrepôts aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d’expédition des commandes de produits alimentaires, de produits d’hygiène et de produits médicaux, sous astreinte, d’un million d’euros par jour de retard et par infraction constatée », révèle Le Parisien.
Cette décision sera applicable durant un mois, et le juge attend une évaluation des risques réels encourus, pour les salariés, sur la totalité des entrepôts. Et dans un même temps, que les mesures de sécurité décrites dans l’article L 4121-11 du Code du travail soient mises en œuvre.
Le référé du 8 avril n’aura donc pas traîné et le syndicat ne boude pas son plaisir :
DÉLIBÉRÉ @AmazonFrance : le juge ordonne de limiter, dans les 24 h et sous astreinte de 1 million par jour de retard, l'activité aux marchandises essentielles dans la période dans l'attente d'une évaluation des risques épidémiques en y associant les représentants du personnel !
— SUD Commerce (@sudcommerces) April 14, 2020
Le tribunal a été d’autant plus vigilant qu’il a qualifié avec une certaine précision le fret autorisé. Et ce, pour s'assurer qu'Amazon comprenne bien qu'il n'en fera pas qu'à sa tête...
Amazon France qui avait enfumé tout son monde en assurant qu’il se contentait de livrer des produits essentiels, sur des critères qu’il était seul à connaître, se retrouve le bec dans l’eau. En effet, ActuaLitté avait démontré que, faute de stock dans ses entrepôts, le cybermarchand avait mis en place une stratégie pour continuer de vendre des livres, même quand il n’avait plus les exemplaires en propre.
Sa marketplace lui permettait de pallier ce contretemps, au mépris des auteurs, des éditeurs, des salariés — mais pour le plus grand plaisir des consommateurs…
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112 Commentaires
Jujube
15/04/2020 à 20:13
Certains se battent pour ou contre Amazon pendant que d'autres se battent contre un virus pour sauver des vies.
cachoualabama
16/04/2020 à 01:04
que de mépris! que d'agressivité! que de hargne! qui parle de démocratie, de vivre ensemble, d'écoute, de dialogue ? Paroles , paroles, paroles....
Pierre
16/04/2020 à 09:30
Amazon est devenue une entreprise tellement complexe que même les journalistes et les tribunaux ont oublié qu'il s'agissait aussi d'un market place ("une place de marché") qui permet à de nombreuses TPE françaises (dont des librairies) d'utiliser la plateforme logistique Amazon pour expédier des produits. Cela représente 40 % des ventes faites sur Amazon. J'imagine l'ambiance dans ces TPE aujourd'hui maintenant qu'elles ne peuvent plus vendre sur Internet après avoir été contraint à fermer leur boutique physique... Le plus choquant c'est sans doute l'idéologie anti-amazon française qui est tellement puissante que les gens se réjouissent de la décision de justice tout en continuant à commenter les mauvaises décisions prises par Amazon même lorsqu'elles vont dans le sens de la justice (protéger les salariés dans ce cas de figure).
kujawski
16/04/2020 à 09:51
Autrement dit, on ne peut se passer du pire dès qu'il a prouvé son utilité. C'est par ce type de raisonnement que, de science, l'économie a viré à l'horreur jadis dénoncée par Viviane Forrester.
J'invite à vérifier ce chiffre de 40% du CA réalisé par A. avec sa place de marché. Pour avoir travaillé en lien direct avec A. j'ai des raisons d'en douter fortement.
Et le défaut d'A. en raison du jugement du tribunal de Nanterre va être pour une infime part dans les embûches que vont rencontrer les libraires; c'est leur précarité structurelle, dont A. est une des causes les plus importantes, qui va être pour elles l'obstacle le plus important à surmonter.
Pierre
16/04/2020 à 10:07
Il y a également quantité d'entreprises du monde entier qui vendent ailleurs (ebay...), momox, recyclivres (monté par des Français) existent aussi...
Pierre
16/04/2020 à 14:22
Pour information, on me signale qu'hier, et il semble que ce ne soit pas la première fois, Amazon a annoncé de façon non seulement prématurée mais également erronée la prochaine disponibilité de jeux vidéo chez eux ! Plus d'explications ici : Donc, on s'emballe et on dit reconnaitre l'erreur ensuite. https://www.clubic.com/mag/jeux-video/actualite-891817-days-gone-persona-5-royal-pc.html
Pierre
16/04/2020 à 14:51
Des libraires s'organisent pour honorer les commandes des clients. Pas signalé dans cet article, la librairie "L'Autre Rive" de Toulouse le fait aussi. https://www.actualitte.com/article/monde-edition/click-and-collect-mode-d-emploi-la-meilleure-option-des-librairies-francaises/100263
Marie
16/04/2020 à 15:44
Ce virus est en train de faire des ravages irréparables sur le mental des gens qui ne l'ont encore pas (physiologiquement) et à qui je souhaite de ne l'avoir jamais. Sylvain Tesson comparait hier les sirènes volantes qui savaient tout sur les hommes à Zuckerman !
Dan
24/04/2020 à 17:16
Moi je adore mon petit libraire de quartier qui fait cravacher ses employés faisant fi de toute légalité avec un soupçon de harcèlement moral en plus. Qui n’a jamais le livre que je veux. Et qui refuse l’échange d’un livre dont il manque des pages. Sans compter un bonjour approximatif derrière sa moustache. Mais bon il’ paraît que c’est Mieux d’acheter chez lui alors qu’il n’a aucune idée de ce qu’est un service client.....
kujawski
25/04/2020 à 11:45
"Le livre que "je veux", "service client" : le libraire doit génuflexion au client Roi. Que Votre Majesté use de son droit divin de trouver un autre libraire, qui s'aplatira mieux devant ses royales préférences et les exigences du respect qui lui est dû, par ma chandelle verte.
Marquis de Carabas
05/05/2020 à 04:01
Sales smicards incultes, laissez-nous, nous, l'élite, profiter de la mondialisation que nous avons créée et retournez donc devant votre télévision vous gaver de niaiseries à votre portée.
GeraltduMordor
12/05/2020 à 11:42
C'est dingue le nombre d'abruti anti Amazone sur ce site. Vous êtes pas content ? Passé votre chemin ! Ils me font rire tout ces gens, qui en temps normal son super consommateur dans d'autre enseigne. Combien d'entre vous donne une piece dehors a un pauvre SDF, au lieu de faire semblant de ne pas l'avoir vu ?? Votre moral bien bien pensante allez la faire ailleur.
Les gens comme vous me font vomir
Cenovis
12/06/2020 à 22:39
Pour ceux qui veulent la mort d'amazon pour des raisons que l'on peut juger respectables alors allez jusqu'au bout :n'achetez plus rien dans les grandes enseignes, rien des grandes marques comme Danone par exemple ni de coca cola qui vole l'eau et j'en passe la liste serait trop longue.
KOKO Ego Jonas
13/04/2024 à 19:15
Je trouve cette interdiction honteuse pour la fuuite devant la concurrence et surtout pour des esprits jaloux et c'est très connu en France. Ce qui ne va pas dans leur poche, on doit l'interdire.
C'est honteux en ce ème siècle
Kujawski
16/04/2024 à 09:35
Un débat dormant refait curieusement surface. Effet majeur et d’aubaine : on reparle d’Amazon.
Et que ne lit-on pas, y compris que des librairies indépendantes font du refus de vente et qu’Amazon encourage la création.
Les périodes troublées, d’accélération économique et de pertes de repères, génèrent les amnésies et les confusions. Il faut donc rappeler que, depuis 40 ans et plus, ce sont les librairies indépendantes qui ont promu et sauvé nombre de fonds éditoriaux et de petits et moyens éditeurs, jusqu’à ce que la pression économique les contraigne à rationaliser les fonds et les stocks, complique terriblement leurs recrutements (centres-villes inaccessibles aux salarié(e)s), et à dépendre davantage de la commande aux distributeurs, jusqu’à ce qu’Amazon instaure ses propres délais de livraisons directes, difficilement égalables par les circuits traditionnels (et reposant sur des pratiques sociales scandaleuses), lui permettant ensuite de s’instaurer comme « libraire« , sans le conseil, sans l’humanité, sans supporter les contraintes propres à cette activité.
Ça suffit, les thuriféraires du prédateur.
L’horreur économique, jadis dénoncée par Viviane Forrester, a pris le pouvoir, vous fait bomber le torse, et fait d’un producteur d’algorithmes un libraire.
Ce que Michel Leyris appelait la merdonité, en somme.
Lily
16/04/2024 à 12:16
Amazon n'est pas une librairie, mais une plate-forme de vente en général ! Pratique, anonyme, sans chichi. En dehors des petites librairies indépendantes, je n'ai pas envie d'entrer chez un major en serrant les fesses et en chuchotant pour commander Le livre qui me plaît.
Les "gros libraires" se fichent pas mal de la littérature.
Comme Amazon, ils vendent du papier.
Les éditeurs patentés, Gallimard, Grasset, le Seuil, etc... vendent également sur Amazon !
Sans oublier cet auteur Suisse, j'ai oublié son nom, qui après avoir quitté sa maison d'édition a ouvert sa propre maison sur la plate-forme d'Amazon.
Maintenant, les petites librairies indépendantes, souvent situées en province, font un travail formidable. Ils n'ont pas le "melon" comme leurs grandes soeurs subventionnées qui s'empressent d'obéir au doigt et à l'oeil à la routine publicitaire des supermarchés, je veux parler de la Tête de gondole. Un éclat de rire, à chaque fois que je passe devant une librairie qui avait affiché dans sa vitrine un "formidable" Goncourt.
Du sol au plafond, on ne voyait que lui...
Au bout du compte, il s'avère que le type a plagié !
Heureusement, il nous reste les boites à livres, avec parfois des trouvailles !
Kujawski
16/04/2024 à 18:15
En réponse à la dénommée Lily : lire autant de choses affligeantes est probablement préférable à la cécité, ça n’en reste pas moins terriblement affligeant. « Les gros libraires se fichent pas mal de la littérature, ils vendent du papier, comme Amazon », ou comment piétiner le travail des libraires de Gibert, de Le Failler, de Maupetit, de Rimbaud, et de tant d’autres, partout en France, véritables animateurs culturels de leur ville, quand une plate-forme se prétendant libraire se contente d’artificialiser des sols, de ramasser des remises astronomiques des diffuseurs-distributeurs, d’exploiter sa main d’œuvre sans vergogne et de faire livrer par camionnettes polluantes, sans le moindre échange verbal avec le client final ?
C’est tellement abject, cette « argumentation », qu’elle pourrait être parachutée sur ce site, bien anonymement bien sûr, par Amazon.