Il y a des mercredis soirs qui finissent mal. Quand par exemple se trouve exhumé un document qui a circulé cet été parmi les librairies membres du Syndicat de la librairie française, à l'initiative de celui-ci, et qui désormais éclate dans la presse.
Le 18/08/2010 à 19:59 par Clément Solym
Publié le :
18/08/2010 à 19:59
En effet, selon nos confrères de Livres Hebdo (article sous abonnement), un appel à signatures a été diffusé par le SLF et compte à ce jour 410 signatures, nous explique une source proche du dossier. Le document commence avec un intitulé qui fait frémir : Hachette Livre veut-il se passer des libraires ?
Le mépris de Hachette
Et d'évoquer avant tout la compagne de promotion de l'iPad, réalisée avec Apple, lorsqu'en mai dernier est sortie la tablette miracle. Selon le SLF, cette promotion aura été « vécue comme le signe d’un profond mépris » par les libraires. Ces derniers ont en effet vu nombre de livres pour lesquels ils s'étaient investis se retrouver en vente sur l'iPad - chose devenue un argument de vente supplémentaire. Oui, mais ces libraires avaient justement une part de responsabilité dans la réussite desdits ouvrages..
Contacté par ActuaLitté, un des signataires de cet appel, préférant rester anonyme, estime que le SLF a vu juste en ce que la concurrence devient déloyale, lorsqu'un acteur tente de mettre en place « un canal de vente qu'il privilégie à ce point dans sa communication ».
En outre, l'appel pose l'accord entre Hachette et Apple comme allant à l'encontre non seulement de « la nécessaire maîtrise de la fixation du prix de vente au public par l’éditeur », mais également du « risque de domination du marché, voire de quasi-monopole ». La critique est connue : on redoute de toute force que les géants américains ne viennent dicter leur loi en France, et leurs conditions de vente. Chose impensable et surtout insupportable.
La riposte française à Apple : 1001libraires.com
Alors que justement s'organise la résistance au travers du portail 1001libraires.com, qui doit parvenir à créer une alternative franco-française dans le cadre de la vente de livres numériques. En se liant avec Apple, Hachette jouerait le jeu d'une « marginalisation de la librairie française », le tout en se mettant à la botte de la firme de Cupertino.
siège de Hachette, à Paris |
Contacté par ActuaLitté, Benoît Bougerol, président du SLF, ne souhaite cependant pas réagir. En effet, « des rencontres sont prévues et des choses programmées », avec Arnaud Nourry, PDG de Hachette Livre et à ce titre, le SLF ne communiquera pas avec la presse sur l'appel.
Cependant, le courrier envoyé aux libraires membres fustige clairement l'éditeur, estimant que « depuis plusieurs années, ce groupe pratique une obstruction récurrente sur les sujets d’intérêt commun entre l’édition et la librairie, ne participe pas à des actions collectives en faveur du développement des librairies et maintient une très large part des librairies dans des conditions de rémunération inadaptées au regard des obligations qui lui sont conférées par la loi de 1981 ».
Faut vraiment avoir la vue basse...
Or, parmi les libraires membres du SLH, tous ne sont pas en accord avec l'appel. « Les éditeurs ont besoin de créer de nouveaux points de vente, mais ne veulent pas pour autant éliminer la librairie, c'est ridicule. Où et comment se fera la valorisation de leurs livres ? Uniquement sur l'iBookstore ? C'est n'importe quoi. Sans se bercer d'illusions, c'est en librairie que la vie des livres se fait », nous précise-t-on.
« S'attaquer à une publicité, c'est vraiment prendre le problème dans le mauvais sens », ajoute ce non-signataire. Un avis partagé par d'autres libraires, dont nous ferons état par la suite.
Hachette, pas de commentaires
Et l'intéressé, qu'en pense-t-il ? Aucune raison de communiquer. Contacté par ActuaLitté, Hachette Livre ne souhaite logiquement pas faire de commentaires. Attendu qu'une rencontre entre le PDG et le président du SLF est prévue, personne ne se risque pour le moment à réagir, d'une manière ou d'une autre. Et puis, la parole vaut l'homme, ou l'homme ne vaut rien, comme on dit.
Dans tous les cas, on peut se demander pourquoi donc le SLF diffuse sous le manteau un document à ses libraires membres, sans en faire état publiquement, et se rétracte dès lors que la presse tente d'en savoir plus...
Albin Michel épargné ?
Ce qui est fascinant, c'est que pourtant l'éditeur Albin Michel était pourtant l'éditeur favori d'Apple, qui dans le métro avait organisé toute sa campagne sur l'iPad, comme outil de lecture, autour du titre de Catherine Pancol, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi. Et là, personne n'avait trouvé à y redire - sauf nous qui nous demandions à quel montant ce type d'accord se négocie et surtout qui paye pour utiliser qui.
On reste toujours sans réponse...
Le livre de la romancière était pourtant sorti en librairie début avril, et avait largement eu le temps de profiter de l'enthousiasme des libraires, avant de connaître une vie sur l'iBookstore...
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