La littérature thaïlandaise surprend par sa richesse linguistique et la force de ses images. Beaucoup d'auteurs s'attachent à parler des conflits de classes dans cette société très marquée par la hiérarchie, ainsi que de la déchirure entre tradition et modernité dans une société encore en plein développement.
Le 22/04/2011 à 08:07 par Nathalie Gentaz
Publié le :
22/04/2011 à 08:07
En France, la plupart des éditeurs semblent bouder cette littérature encore trop méconnue. En Thaïlande, très peu achètent des romans de gare et encore moins des romans littéraires.
Selon le traducteur français, Marcel Barang, qui s'attache à faire connaître les meilleurs auteurs Thaïlandais aux publics francophones et anglophones la pente est savonneuse en ce qui concerne le devenir de la littérature thaïlandaise, non pas pour une question de qualité, mais parce que le climat n'a jamais poussé à la lecture et que, désormais, les nouveaux médias font une concurrence déloyale aux livres.
Ruptures et traditions
Pourtant, les lecteurs gagneraient beaucoup à découvrir cette littérature qui s'est démarquée de celle d'autrefois réservée à une classe privilégiée, c'est-à-dire, royale et aristocratique, et imprégnée du bouddhisme indien. Les auteurs précités ont rendu la littérature accessible au peuple thaïlandais depuis le XXe siècle, et ont abordé des thèmes plus proches de la vie quotidienne, plutôt que ceux de la philosophie et de la mythologie, comme cela avait été le cas jusqu'à la fin du XIXe siècle.
À travers leurs écrits, très influencés par l'Occident, se dégage la volonté de plaider pour la justice et l'égalité sociale et de préserver la culture thaïlandaise en évoquant les croyances, les rites et les mentalités encore profondément ancrés chez le peuple thaïlandais. Le dilemme est de savoir si, avec la technologie avançant à grands pas dans la vie de chaque Thaïlandais, ces mêmes auteurs peuvent réveiller la conscience nationale, à savoir se battre pour une vie meilleure, avec plus de protections sociales, et une politique plus transparente, en même temps que plaider pour la préservation d'une culture millénaire qui rend difficile et complexe cette évolution des mœurs.
Une modernité écrasée qui se déploie
C'est ce qui explique aussi le piétinement des idéologies chez les nouveaux auteurs littéraires thaïlandais. Ils ont tous témoigné des changements politiques, militaires, religieux et économiques de leur pays au cours des dernières décennies. Ils ont varié les concepts des thèmes de leurs œuvres dans l'espoir d'amener le lecteur, en l'occurrence, tout d'abord leurs compatriotes, à une prise de conscience de ce à quoi un Thaïlandais peut aspirer pour être heureux dans une Thaïlande qui ploie encore sous la complexité des traditions et la modernité de plus en plus triomphante.
On ne peut que recommander de jeter un œil sur cette littérature ayant un zeste de folklore, et une approche réaliste de la société thaïe. Peut-être les écrivains thaïlandais trouveront-ils un jour la réponse à ce tiraillement culturel et littéraire, qui permettrait à une culture millénaire et statique de s'emboîter avec grâce dans celle, moderne et évolutive, de l'Occident. Et ce, sans avoir recours à une mondialisation des littératures.
Retrouver notre dossier
À la découverte de la littérature thailandaise
Commenter cet article