Les interventions des auteurs en résidence, à l'occasion d'ateliers d'écriture et autres manifestations, comptent parmi les tâches qui rythment la vie d'un auteur. À ce titre, Yann Dissez vient de mettre la note finale au Guide
Le 31/05/2012 à 13:17 par Clément Solym
Publié le :
31/05/2012 à 13:17
« Pourquoi et comment accueillir un auteur ? », sur l'accueil des auteurs. L'occasion de revenir avec lui sur les questions que soulèvent ces organisations
Ce Guide est avant tout un outil qui s'adresse aux porteurs de projets, mais ne doit en rien être considéré comme une Bible apportant la Sainte Parole. « En proposant ce guide à tout un chacun, il s'agit d'apporter des éléments pour mieux informer, des responsabilités des uns et des autres, des droits et des devoirs en somme. Avec une meilleure compréhension des mécanismes d'accueil, les organismes tout comme les auteurs seront en mesure de mieux préparer leurs projets. »
Convention ? Oui, mais à rédiger ensemble
Mais Yann Dissez insiste avant tout sur l'importance de la construction commune d'un projet. « Une résidence, un atelier, peu importe la nature de l'accueil, doivent résulter d'une réflexion commune. Les deux parties doivent s'accorder sur les différents aspects du projet, avec une base de discussion simple : quels sont les objectifs artistiques, culturels, mais aussi pratiques de cet accueil. Les auteurs ont tendance à signer en toute hâte les conventions qu'on leur propose, mais ces conventions sont avant tout la formalisation d'un projet commun, et également des outils juridiques en cas de désaccord. Leur contenu doit refléter les attentes de l'organisateur autant que celles de la personne qui est reçue. » Cependant, si la convention a bien une fonction contractuelle, il est rarissime de voir un auteur ou une structure monter au créneau.
L'une des grandes questions, tourne autour de la répartition du temps. On parle ainsi de 70 % du temps de l'auteur, qui doit être dédié à la création. Mais de quel temps parle-t-on, interrogent les auteurs ? Comment quantifier de la sorte ? « C'est une histoire d'échange et de communication : l'invité doit poser clairement ses besoins, et surtout, savoir qu'il a des droits. » On assiste facilement à des situations où le temps réclamé déborde largement d'un hypothétique 70 %…
Appréhender l'organisation
« Pourquoi ne pas simplement poser un calendrier des interventions, afin de régler ce point ? Tout est plus simple si chacun négocie : il faut respecter les contraintes que l'organisateur peut formuler, mais également celles de l'auteur. Ecrit-il l'après-midi, le matin ? Les lieux d'intervention nécessitent-ils que l'on impose une présence le matin, comme dans le cadre des établissements scolaires ? Si l'auteur ne peut pas répondre aux demandes et qu'aucune entente n'est possible, il vaut mieux éviter de s'engager. Il faut s'avouer que l'on a des limites, c'est plus raisonnable, et l'écrivain évitera ainsi de se retrouver dans une situation délicate. »
« Il arrive que l'on se retrouve devant une classe, avec un enseignant qui n'a pas lu l'oeuvre, ni présenté ou sensibilisé ses élèves à la visite d'un auteur. S'il est indispensable que les lieux d'accueil s'impliquent, les auteurs peuvent aussi être forces de propositions pour intervenir dans les meilleures conditions possibles. »
De même, dans le cas de résidences, il est important que l'auteur puisse se rendre sur place pour découvrir les lieux où il sera amené à vivre. « Passer un jour ou deux, cela permet d'avoir une idée, de repérer les lieux, de rencontrer les personnes, tout simplement. Et de se rendre compte, le cas échéant, que l'on n'est pas à l'aise… » De plus, et là, c'est vers les organisateurs que l'on se tourne, « la décision de mettre en place une résidence , par exemple, est probablement une bonne idée, mais est-ce la meilleure des perspectives ? Nombre de lieux d'accueil ou d'auteurs prennent les choses à l'envers : avant de décréter que l'on va participer à une résidence, ou que l'on va en organiser une, il faut se poser la question de ce que l'on souhaite faire, de son projet ».
Et la rémunération...
L'autre grand point, évidemment, tourne autour de la rémunération. « Là encore, et plus que jamais, les auteurs doivent savoir qu'ils sont légitimes à réclamer une rémunération. Mais il faut faire attention à ce que précise la convention, sur le montant, le mode de rémunération et la date de versement. De même, toute rémunération peut être négociée. On brandittrès souvent les tarifs de la Charte, ce qui est une bonne chose. Cependant, ce ne sont que des préconisations, et non des tarifs légaux. Selon le contexte, les critères peuvent être adaptés. Tant que tout cela a été défini en amont, il n'y a aucune raison de rencontrer des problèmes. S'il s'en pose, toutefois, les recours existent. »
Faire remonter les informations devient alors essentiel. Et connaître les modes de rémunérations qui s'offrent à eux, là encore, est une condition première. « On ne rémunère pas pour une résidence de la même manière qu'un atelier. Il ne faut pas tout accepter ; encore faut-il être bien informé pour savoir ce que l'on peut accepter et ce que l'on doit refuser. »
« Bien entendu, les auteurs nous expliquent souvent qu'ils se retrouvent contraints, financièrement, d'accepter des conditions qui ne leur conviennent pas, ou des interventions, dans le cadre de projets, qui ne répondent pas à leurs attentes. Un auteur n'est pas corvéable à mercietn'a pas, sauf cas exceptionnel, à avancer de frais. Mais avant tout, il doit se poser les bonnes questions : de quoi ai-je envie et que puis-je apporter ? »
En somme, la communication, plutôt que l'engagement précipité… « Il faut que l'auteur se sente comme un invité, un hôte. L'accueil réussi repose sur ce simple principe. »
Le guide a été coédité par la Fill et onze structures régionales du livre (Écla Aquitaine, le CRL Bourgogne, Livre et Lecture en Bretagne, Ciclic, Le MOTif, le CRL en Limousin, le CRL Lorraine, le CRL Basse-Normandie, l'ARL Haute-Normandie, le CRL Pays de la Loire et l'Arald).
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