Comme l'a annoncé ce mardi la grande chancellerie de l'ordre, relayée par l'AFP, l'édition annuelle du Prix Alphonse Allais a récompensé le philosophe et écrivain italien Umberto Eco pour l'ensemble de son œuvre. Cette distinction humoristique est décernée chaque année depuis 1954 pour célébrer l'esprit de l'écrivain français, maître de l'absurde, dont on célébrait alors le centenaire de la naissance. Eugène Ionesco avait été le premier récompensé.
Le 04/02/2015 à 11:33 par Julien Helmlinger
Publié le :
04/02/2015 à 11:33
CC BY 2.0 par Blaues Sofa
L'écrivain italien est né le 25 janvier 1932, dans la ville piémontaise d'Alexandrie. Célèbre pour son roman Le nom de la rose, Umberto Eco a également consacré une longue étude à Un drame bien parisien, nouvelle d'Alphonse Allais, tirée du recueil À se tordre. Dans son étude, il évoque la création du non-sens, et salue un « exercice malicieux de trompe-l'œil littéraire ».
Le jury l'a unanimement désigné lauréat, « pour son admiration de l'œuvre de l'auteur français », notamment dans une thèse de 1992, Lector un fabula, a souligné Alain Casabona, grand chancelier. Il succède ainsi au cinéaste Jean-Pierre Mocky, dernier récompensé en date, ainsi qu'à Laurent Gerra, Raymond Devos, Jean Amadou, Bernard Pivot, Sempé, Pierre Perret...
Au cours du mois de mai prochain, l'Académie Alphonse Allais remettra au philosophe et écrivain italien « la comète de Allais », trophée symbolique du Prix.
L'écrivain italien n'a jamais caché son admiration pour l'humoriste honfleurais, qu'il considère comme l'un des plus grands auteurs de langue française, et fait largement référence, dans son essai Lector in fabula (Grasset, 1985, repris in Le livre de poche), à la nouvelle d'Alphi Un drame bien parisien, qui constitue en quelque sorte le fil conducteur de cet essai. Dans son introduction, Umberto Eco écrit notamment: « …Le dernier chapitre du livre est consacré à l'interprétation de la nouvelle d'Alphonse Allais : Un drame bien parisien. Mais dans tous les autres chapitres, on se réfère à cette nouvelle pour en extraire des échantillons à analyser. Je demande au lecteur de lire tout de suite cette histoire, une seule fois et si possible à une vitesse de lecture normale, puis de l'abandonner et de lire mon livre. J'ai en effet besoin d'un lecteur qui soit passé par les mêmes expériences de lecture, ou presque, que moi. Pourquoi avoir choisi de faire tourner quasiment tout mon livre autour de cette histoire ? Il ne s'agissait pas seulement pour moi de prendre un unique texte de référence pour mesurer pas à pas mes propositions théoriques à un corpus homogène. Non. Tous les discours de ce livre naissent de la perplexité où m'avait plongé, il y a quelques années, cette nouvelle quand je l'ai lue pour la première fois. En fait, la toute première fois, on me l'a racontée. Ensuite, j'ai découvert de curieuses divergences entre le texte original, le résumé qu'on m'en avait fait et le résumé du résumé que j'en faisais moi-même quand je la racontais. Ainsi, je me trouvais face à un texte « difficile à résumer » et susceptible de produire des résultats interprétatifs discordants…»
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