Le Saint-Malo Étonnants Voyageurs accueillait plus de 250 invités autour de la thématique « Que peuvent les écrivains dans le chaos du monde ? ». Sept prix littéraires sont remis dans le cadre du festival, dont quatre à Catherine Poulain pour Le Grand Marin (L’Olivier) : le Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs, le Prix Joseph Kessel de la SCAM, le Prix Nicolas Bouvier et le Prix Gens de mer et Prix Compagnie des pêches.
Le 16/05/2016 à 12:17 par Cécile Mazin
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16/05/2016 à 12:17
« Une femme rêvait de partir. De prendre le large. Après un long voyage, elle arrive à Kodiak (Alaska). Tout de suite, elle sait : à bord d’un de ces bateaux qui s’en vont pêcher la morue noire, le crabe et le flétan, il y a une place pour elle. Dormir à même le pont dans le froid glacial, supporter l’humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, la peur, les blessures... C’est une vie terrible. Et puis il y a les hommes. À terre, elle partage leur vie, en camarade. Traîne dans les bars. En attendant de repartir. C’est alors qu’elle rencontre le Grand Marin. »
Catherine Poulain commence à voyager très jeune. Employée dans une conserverie de poissons en Islande, travailleuse agricole au Canada, elle s’installe en Asie. Barmaid à Hong-Kong, employée sur les chantiers navals aux États-Unis, elle pêche ensuite pendant dix ans en Alaska. Elle vit aujourd’hui entre les Alpes de Haute-Provence et le Médoc, où elle est respectivement bergère et ouvrière viticole. Le grand marin (L’Olivier) est son premier roman.
Doté d’une bourse de 5.000€, le Prix Nicolas Bouvier — dont le jury est composé de Laura Alcoba, Pascal Dibie, Alain Dugrand, David Fauquemberg, Christine Jordis, Gilles Lapouge et Björn Larsson est décerné tous les ans pendant le festival Étonnants Voyageurs. Il couronne l’auteur d’un récit, d’un roman, de nouvelles, dont le style est soutenu par les envies de l’ailleurs, à la rencontre du monde. Depuis 2015, Terres d’Aventure s’associe au Prix Nicolas-Bouvier.
Le prix Gens de Mer est accompagné d'un chèque de 3.000 € remis par Vincent Denby-Wilkes, délégué régional du groupe EDF. Elle a reçu aussi au titre du prix Compagnie des Pêches un chèque de 1.500 € des mains de Patrick Soisson, PDG de la Compagnie des Pêches Saint-Malo.
Le prix Joseph Kessel de la SCAM, doté de 5.000euros, consacre l’auteur d’un ouvrage de haute qualité littéraire, écrit en langue française, dans la veine de Kessel : voyage, biographie, roman, récit ou essai, publié entre mars2015 et février2016.
Créé en 2007 et doté de 10.000 €, le Prix Robert Ganzo distingue l’auteur d’un livre de poésie d’expression française en prise avec le mouvement du monde, loin du champ clos des laboratoires formalistes et des afféteries postmodernes. Son jury composé d’Alain Borer, Claudine Delaunay, Yvon Le Men, Jean-Baptiste Para, Dominique Sampiero et Jean-Pierre Siméon couronne chaque année un poète francophone d’importance, un aventurier du verbe et de la vie, un passeur d’émotions et de défis, un arpenteur de grand large et d’inconnu. Pour l’édition 2016, il a décidé d’attribuer ce prix à Anise Koltz.
Le mot d’Alain Borer, président du jury :« Il y a trois temps dans chaque bref poème d’Anise Koltz, d’abord une fulgurance, suivie presque immédiatement par une forte détonation de sens (non une dénotation), enfin un silence particulier, intense et vrillé, qui signale que l’on est arrivé au centre-de-la-cible-de-Poésie. Anise Koltz, grande voix du Luxembourg (où elle est née en 1928) désormais en Poésie/Gallimard (Somnambule du jour, 2016) prend place enfin parmi les plus importantes de la langue française, à la hauteur de Louise Labé pour l’amour noir, de Marceline Desborde-Valmore pour le romantisme sans tralala, d’Andrée Chedid pour la pensée obombrée — mais avec les fameux coups droits de Monica Seles.»
De nationalité luxembourgeoise, Anise Koltz unit dans ses veines des ascendances tchèques, allemandes et belges. Très attachée à sa terre d’origine et résolue à ne pas utiliser la langue des bourreaux de son époux, mort durant la Seconde Guerre mondiale, elle explore et expose en français tous les thèmes d’une œuvre vouée à l’incertitude, à l’inquiétude de ne pas formuler l’essentiel, cette réalité qui échappe sans cesse, qu’il s’agisse de sa part visible ou du côté caché des choses. À l’occasion de la parution de ses Poèmes choisis, elle reçoit cette année à Saint-Malo le prix Ganzo de poésie pour l’ensemble de son œuvre.
Créé en 1974, le Grand Prix de l’Imaginaire (GPI, www.noosfere.org) est le plus ancien et le plus prestigieux prix littéraire consacré aux littératures de l’Imaginaire, qui regroupent science-fiction, fantasy, fantastique, réalisme magique ainsi que toute œuvre en marge de ces genres. Le jury, composé d’amateurs et de professionnels de différents horizons, distingue chaque année les romans et nouvelles francophones et étrangers les plus marquants à la fois pour leurs qualités littéraires, leurs ambitions et leurs originalités.
Il récompense également essais, traducteurs et illustrateurs...
Les membres du jury sont François Angelier, Sandrine Brugot-Maillard, Jean-Claude, Olivier Legendre, Bruno Para, Pascal Patoz, Jean-Luc Rivera, Jean-Claude Vantroyen, Joëlle Wintrebert.
Roman francophone : Lum'en de Laurent Genefort (Bélial)
Roman étranger : LoveStar d’Andri Snaer Magnason (Zulma)
Nouvelle francophone : Ethfrag de Laurent Genefort (Bifrost 78)
Nouvelle étrangère : La Ménagerie de papier (recueil) de Ken Liu (Bélial »)
Roman jeunesse francophone : La Passe-Miroir, tomes 1 et 2 de Christelle Dabos (Gallimard Jeunesse) Roman jeunesse étranger : Stone Rider de David Hofmeyr (Gallimard Jeunesse)
Prix Jacques Chambon traduction : Jacques Barbéri pour l'Evangile selon Eymerich de Valerio Evangelisti (La Volte) Prix Wojtek Siudmak graphisme : Laurent Gapaillard pour La Passe-Miroir, t.1-2 de Christelle Dabos (Gallimard) Essai : Effets spéciaux : deux siècles d’histoires de Pascal Pinteau (Bragelonne)
Prix spécial : Natacha Vas-Deyres et Richard Comballot, les Carnets chronolytiques de Michels Jeury, PU Bordeaux
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