Matthew « Matt » Hancock, membre du parti conservateur britannique, a été invité, le 15 juillet dernier, à prendre ses nouvelles fonctions de ministre d’État à la Culture, à la Communication et des Industries créatives. L’arrivée du député de la circonscription de West Suffolk, un comté de l’ouest de l’Angleterre, semble ravir les bibliothécaires britanniques, qui y voient une opportunité pour le nouveau tenant du poste de « trouver un moyen d’avancer pour relancer le service [des bibliothèques, NdR] et attirer de nouveau les utilisateurs et les lecteurs ».
Le 18/07/2016 à 15:07 par Orianne Vialo
Publié le :
18/07/2016 à 15:07
(Department of Energy and Climate Change, CC BY-ND 2.0)
Il avait annoncé son arrivée au poste de ministre de la Culture le 15 juillet dernier, alors même que son prédécesseur, Edward Vaizey, ministre depuis 2010, venait de répandre la nouvelle de son départ via la plateforme.
Delighted to be Minister of State for Digital & Culture. Energised to take up the challenge to make UK tech & cultural centre of the world
— Matt Hancock (@MattHancockMP) 15 juillet 2016
Looking forward to supporting the government from the backbenches #vexit
— Ed Vaizey (@edvaizey) 15 juillet 2016
Le 16 juillet, le lendemain de l’annonce de son mandat, le nouveau ministre n’a pas manqué d’écrire sur son compte Twitter que « maintenant plus que jamais, nous avons besoin que la Grande-Bretagne soit tournée vers l’extérieur, dans une ambition mondiale ».
Can't wait to get cracking as Minister for Digital & Culture. Now more than ever we need Britain to be outward looking with global ambition
— Matt Hancock (@MattHancockMP) 16 juillet 2016
Alors même qu’il vient d’accéder au poste de ministre de la Culture, Matt Hancock semble déjà être porté par les Britanniques. Cependant, les bibliothécaires n'ont pas manqué de rappeler à l'homme politique d'accorder une attention particulière au sort des bibliothèques, à l'inverse de son prédécesseur, qui avait endigué l'avenir de ces lieux.
Welcome to @MattHancockMP as he takes over the reins @DCMS from @EdVaizey - look forward to working together to promote #libraries!
— Nicholas Poole (@NickPoole1) 16 juillet 2016
@MattHancockMP Don't forget how important and relevant libraries are, please! #lovepubliclibraries
— Helen McCarthy (@tweetheart4711) 16 juillet 2016
@MattHancockMP@ben4ipswich Dear Mr Hancock, congrats, do please take a close look at public libraries,disappearing like snowflakes in May!
— Frances Hendrix (@Hendrixsweep) 16 juillet 2016
Desmond Clarcke, ex-PDG du groupe d'édition Thomson et ancien directeur de Faber & Faber milite ardemment pour le maintien et la survie des bibliothèques. Dans une interview accordée au Bookseller, il n'a pas hésité à prendre la parole contre la politique menée par Ed Vaizey.
« [Il] a été notre ministre de la Culture, mais il n’a pas réussi à résoudre les problèmes complexes auxquels sont confrontés les services de bibliothèque publique. Malgré des études et des consultations précédentes qui ont été consignées à la poubelle, il a mis en place une autre étude portant sur le service de bibliothèque publique, puis nommé un corps bureaucratique pour favoriser son amélioration. Dix-huit mois plus tard, il n’y a toujours aucun signe d’un plan efficace. Ed était très sympathique, mais, malheureusement, l’héritage qu’il a laissé pour le sort des bibliothèques est celui d’un service en sérieux déclin. Peut-être que ses mains étaient liées par des secrétaires à la culture et leurs conseillers, mais les ministres sont appelés à fournir de meilleurs services, et non pas pour rester dans le déni de ce qui se passe réellement. »
« [Il] a présidé les plus grandes coupes [budgétaires, NdR] de l'histoire au niveau des bibliothèques publiques avec un grand sourire sur son visage. Alors que les voix s'élevaient dans l'opposition au sujet de la nécessité d'intervenir lorsque les bibliothèques ont commencé à fermer, il n'est pas intervenu une seule fois au cours de ses six années de mandat. Cela comprenait non seulement les fermetures bien médiatisées des plus grandes branches, mais aussi un gouffre dans de nombreux services, qui ont connu des pertes dramatiques de personnel, mais aussi la coupe des budgets, des horaires et la pauvreté grandissante des collections. Tout en prétendant reconnaître les compétences des bibliothécaires, il se félicitait de leur remplacement par des bénévoles. Ed Vaizey a laissé tout cela se produire en prétendant que les services des bibliothèques étaient en plein essor. »
Ed Vaizey, ex-ministre de la Culture (Department for Business, Innovation and Skills, CC BY-ND 2.0)
Tout au long de son mandat de ministre de la Culture, Ed Vaizey n’a effectivement pas été très regardant quant au sort des bibliothèques publiques, qui ont payé cher l’addition. En 2013 déjà, le constat était unanime : la Grande-Bretagne faisait partie des régions du monde qui défendrait le moins les bibliothèques. Les grosses coupes budgétaires —avec 180 millions £ alloués en moins — et les licenciements en série dans le milieu ont eu raison de la bonne santé de ces endroits publics.
À l'époque, Sir Merrick Cockell, directeur des conseils d'Angleterre et du Pays de Galles, expliquait que des volontaires au bénévolat étaient plus que nécessaires pour assurer les services et la survie de ces établissements, de plus en plus nombreux à fermer. Si, en 2015, l'on comptait 106 établissements de moins en Angleterre (de 4023, leur nombre est passé à 3917), le taux de fréquentation de ces sanctuaires du livre a drastiquement chuté.
D'après une étude menée par le DCMS (Department for Culture, Media and Sport) en partenariat avec Arts Council England et intitulée Taking Part : a focus on librairies,le taux de fréquentation aurait chuté de 14,3 % entre 2005 et 2016. D’octobre 2014 à septembre 2015, l'étude précise que 33,9 % de la tranche adulte se serait rendu en bibliothèque publique, contre 48,2 % en 2005/2006. Dans cette tranche, les jeunes de 16-24 ans seraient les plus déserteurs : 51 % d’entre eux se sont rendus en bibliothèque publique entre 2005 et 2006. Seuls 25,2 % ont fait de même d’octobre 2014 à septembre 2015.
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