Les temps changent, Assouline, les temps changent
Le 14/10/2016 à 17:21 par Julien Helmlinger
Publié le :
14/10/2016 à 17:21
La twittosphère littéraire se diviserait depuis hier, entre hippies et autres malcontents, face à l’octroi d’un Prix Nobel de littérature à Bob Dylan. Premier chanteur jamais décoré des prestigieux lauriers, il ne fait pas l’unanimité parmi les écrivains, visiblement même parmi ses fans, à l’image du très caustique Irvine Welsh. Et puis l’artiste, lui ne s’est pas rendu disponible depuis, même pas pour égrener une série de pancartes en guise de réaction silencieuse.
Cette décision était à la fois attendue et redoutée depuis 2011, voire plus tôt. « Si Dylan est un poète, alors, moi, je suis basketteur », avait notamment dit Norman Mailer. À l’annonce du Prix ce jeudi, les réactions n’ont pas tardé. Sur Twitter l’auteur de Trainspotting a lâché : « Je suis fan de Dylan, mais c’est une récompense nostalgique et fondamentalement malsaine arrachée aux prostates séniles de hippies bavards ». L’Écossais aura vexé certaines âmes sensibles au passage.
En France aussi certains déplorent une sorte de dépréciation potentielle de la figure de l’écrivain. Voire on en conclut que « le Nobel de littérature, maintenant, c’est rire et chansons, hein », comme l’écrivain Christophe Claro. Du côté des conquis, Salman Rushdie a par exemple réagi ainsi « d’Orphée à Faiz, la chanson et la poésie ont toujours été liées. Dylan est l’héritier brillant de la tradition des bardes. Excellent choix ». Ce à quoi Joyce Carol Oates, a rétorqué que « Leonard Cohen, oui, il le mérite bien ».
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Le « poète » a été récompensé il y a plus de 24 heures. Mais bien que Dylan donnait hier soir un concert, lors duquel il n'aurait d'ailleurs pas mentionné son prix mais se serait contenté de chanter, l'Adacémie suédoise n'a pu joindre que son agent et le responsable de la tournée. D'après le Washington Post, qui a contacté des proches, « Dylan est resté silencieux toute la journée au sujet de sa récompense ».
« Et s'ils te suivent, ne regarde pas en arrière», dit la chanson. Alors que les lauréats sont invités chaque année le 10 décembre à Stockholm, pour recevoir leur prix des mains du roi de Suède et donner un discours lors d'un banquet, on peut imaginer que le Nobel de littérature 2016 ne sera pas présent.
Lorsqu'en 1964 Jean-Paul Sartre avait refusé sa récompense, les 273.000 couronnes promises avec le prix ne lui ont pas été remis. Lui, avait immédiatement annoncé qu'il refusait le Nobel.
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