Même si l’on est encore au mois d’août, pour ce lundi 31, malgré l’opposition de certains syndicats, l’heure de la rentrée a sonné pour les 855 000 enseignants. Au programme de cette traditionnelle journée de retrouvailles, les embrassades de rigueur, bien sûr, mais aussi le récit circonstancié des quelques semaines de vacances qui ont précédé cette fatale journée.
Le 31/08/2015 à 00:02 par Victor De Sepausy
Publié le :
31/08/2015 à 00:02
Pour les enseignants du secondaire, le mot des chefs d’établissement sera suivi par la découverte, pas toujours heureuse, de l’emploi du temps annuel, même si depuis quelques années de nombreux établissements n’attendent plus la pré-rentrée pour dévoiler la répartition des heures de chaque professeur.
Pour les 63 600 établissements publics et privés sous contrat (avec 52 200 écoles, 7100 collèges et 4300 lycées), c’est donc le retour à l’agitation, même si les équipes administratives n’ont pas attendu ce lundi 31 août pour reprendre le travail.
Mardi, ce sera, cette fois, la fin des vacances pour 12 340 000 élèves, avec 6815 900 élèves dans le premier degré et 5524 100 dans le second degré. L’Education nationale, qui souhaite se montrer de plus en plus inclusive, scolarisera 259 900 élèves en situation de handicap, soit une hausse de 49 500 élèves en trois ans.
Pour cette journée des enseignants, la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a choisi de se rendre dans l’académie de Dijon pour visiter le lycée polyvalent Hippolyte-Fontaine de Dijon. La ministre fera ensuite un point au sein du rectorat, avec une rencontre des personnels administratifs dans le cadre de la préparation de la rentrée suivie d’une présentation des travaux réalisés par des élèves ayant participé à un « concours de devise républicaine ».
Du côté du principal syndicat enseignant du secondaire, le SNES, on s’étonne du « silence » demandé « dans les rangs » :
« Pour la Ministre tout va bien en cette rentrée et elle multiplie les annonces pour le prouver. Aux questions des journalistes sur la réforme du collège, sa réponse est invariablement la même : il faut tourner la page et allez de l’avant. En bref : silence dans les rangs, au travail !
Une telle attitude est catastrophique pour le système éducatif. Parce qu’elle nie la parole des personnels déjà placés dans des situations professionnelles toujours plus difficiles. Parce qu’elle occulte la réalité et en particulier les raisons des échecs et des difficultés des élèves qui ne réussissent pas.
Parce qu’aucune réforme rejetée par les personnels chargés de la mettre en œuvre ne provoque des évolutions positives du système qu’elle prétend transformer ;
Parce que, enfin, la distance qu’elle traduit entre la vision ministérielle de nos métiers et la réalité que nous vivons devient proprement scandaleuse.
Les AG de rentrée doivent être l’occasion pour les personnels de rappeler fermement leur opposition à cette réforme, applaudie dans l’ombre par la droite. L’intersyndicale se réunira cette semaine et le SNES y proposera la grève en septembre et une manifestation nationale en octobre.»
Au SNUipp, principal syndicat enseignant du primaire, on s'interroge concernant le « flou quant à l'engagement du gouvernement de revaloriser les enseignants du primaire.
Si la ministre a indiqué que l'indemnité des enseignants du primaire (ISAE) pourrait être augmentée ‘dans le courant du quinquennat’ elle a, dans le même temps, indiqué que ‘le quinquennat suivant devrait être consacré à la revalorisation des enseignants du primaire’.
La ministre continue de promettre mais ne propose toujours rien de tangible. Mettre fin au déclassement salarial des enseignants du primaire est pourtant plus que jamais une urgence.
Faut-il rappeler que le montant actuel de l'ISAE est de 400 euros annuel soit 33 euros brut par mois ?
Il est grand temps de le porter à 1 200 euros, qui est le montant de l'ISOE perçu par les enseignants du second degré.
Les enseignants du primaire, recrutés au niveau de qualification Master, se singularisent par le temps de travail parmi les plus lourds et les salaires parmi les plus bas des pays de l'OCDE tout en exerçant eux aussi des missions de suivi des élèves et de rencontre avec les familles comme leurs collègues du second degré.
Il est temps de mettre fin à ces inégalités de traitement. Le SNUipp-FSU exige de la ministre qu'elle tienne ses engagements en triplant le montant de l'ISAE. L'ISAE à 1 200 euros, à égalité de l'ISOE du second degré, c'est maintenant. »
Pour le ministère, les priorités sont déjà clairement affichées pour l’année scolaire 2015-2016 :
« Premier degré : priorité maintenue aux premiers apprentissages
Le choix a été fait, dans le cadre de la refondation de l’École de la République, de donner la priorité au premier degré, car notre école primaire souffrait depuis de nombreuses années d’un réel sous-investissement par rapport à l’enseignement secondaire. Or c’est dans les premières années de la scolarité d’un enfant que les bases de la réussite scolaire sont posées et que les difficultés apparaissent. Les moyens ont donc été rééquilibrés et des dispositifs pédagogiques innovants lancés (comme le dispositif "plus de maîtres que de classes" et l’accueil des moins de trois ans).
L’entrée en vigueur du nouveau programme de l’école maternelle
Une étape importante de la refondation pédagogique de l’École est la mise en œuvre, à la rentrée 2015, du nouveau programme de l’école maternelle. Sa mission principale est de donner aux enfants envie d’aller à l’école pour apprendre, affirmer et épanouir leur personnalité. Ce temps de scolarité spécifique permet d’établir les fondements éducatifs et pédagogiques sur lesquels s’appuient et se développent les futurs apprentissages des élèves. Pour accompagner la mise en œuvre du programme, le ministère met à la disposition des enseignants un ensemble de ressources pédagogiques.
L’élaboration des nouveaux programmes de l’école élémentaire et du collège
Le Conseil supérieur des programmes a rendu publics le 15 avril 2015 ses projets de programmes pour l’école élémentaire et le collège. Ces projets ont été proposés à la consultation nationale du 11 mai au 12 juin 2015. Cette phase de consultation, qui a largement mobilisé les personnels, a fait l’objet d’un rapport national de synthèse. Elle a permis à la ministre de saisir à nouveau le Conseil supérieur des programmes pour qu’il fasse évoluer ses projets selon des indications détaillées, cycle par cycle et discipline par discipline. Les programmes doivent être remis début septembre 2015 en vue d’une présentation devant le Conseil supérieur de l’éducation au début du mois d’octobre.
Les rythmes éducatifs : priorité à l’accompagnement pédagogique
Pour la rentrée 2015, les organisations du temps scolaire sont caractérisées par une très grande stabilité : 86 % relèvent du décret du 24 janvier 2013 (décret dit "Peillon"). Le pilotage pédagogique des nouveaux rythmes est renforcé pour accompagner au plus près du terrain les enseignants. Des évaluations sont engagées pour mesurer scientifiquement les effets positifs sur les apprentissages
Le soutien au développement des activités périscolaires
Conformément aux engagements pris par le Gouvernement, le soutien de l’État aux communes pour le développement des activités périscolaires est pérennisé à partir de l’année scolaire 2015-2016 : les textes réglementaires organisant le versement de l’aide de l’État ont été publiés le 18 août 2015 et les communes peuvent déjà déposer leurs demandes d’aide.
À la rentrée, environ 82% des communes seront couvertes par un projet éducatif territorial : il leur permet de bénéficier de l’aide financière du fonds de soutien et de mobiliser toutes les ressources d’un territoire, afin d’offrir à chaque enfant un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l’école.
La mise en œuvre de l’évaluation des élèves en français et en mathématiques au début de la classe de CE2
Pour permettre à chaque enfant des apprentissages plus solides dès l’école primaire, dans une logique de continuité entre les cycles d’enseignement, une évaluation du niveau des élèves en français et en mathématiques, à des fins diagnostiques, est mise en place au début de la classe de CE2. À cet effet, est mise en ligne sur Éduscol une banque d’exercices en français et en mathématiques :
- centrés sur les compétences mises en jeu dans les apprentissages, pour permettre aux enseignants d’apprécier le degré de maîtrise de la compétence évaluée
- à utiliser durant les premières semaines de l’année scolaire de CE2, au moment choisi par l’enseignant et en fonction des objectifs poursuivis au sein de la classe
- pour toute la classe ou seulement quelques élèves
- pour différencier et adapter la progression pédagogique aux besoins recensés
La maîtrise de la langue française : un plan d’action global
La maîtrise de la langue française joue un rôle crucial dans la réussite scolaire et l’insertion professionnelle et sociale des enfants et des jeunes ; son apprentissage par chacun doit être encouragé très tôt et renforcé tout au long de la scolarité, en fonction des besoins identifiés.
Les réformes pédagogiques engagées dans le cadre de la refondation de l’École de la République visent, précisément, à permettre, dans ce domaine, des apprentissages plus solides et plus durables. La grande mobilisation de l’École pour les valeurs de la République a réaffirmé l’enjeu majeur que constitue la maîtrise de la langue et l’effort constant qui doit être fait pour renforcer son acquisition par tous. C’est aussi le sens de l’action partenariale conduite par le ministère en charge de l’éducation nationale en matière de prévention et de lutte contre l’illettrisme.
La lutte contre l’innumérisme : la mise en œuvre de la stratégie mathématiques
La maîtrise des savoirs et des compétences mathématiques par tous les élèves et la lutte contre l’innumérisme occupent une place importante dans la refondation pédagogique du système éducatif. Les 10 mesures clés de la "stratégie mathématiques" s’articulent autour de trois grands axes : des programmes de mathématiques en phase avec leur temps ; des enseignants mieux formés et mieux accompagnés ; une image des mathématiques rénovée, pour favoriser, en particulier, l’orientation des filles vers les formations et métiers scientifiques.
Le plan numérique : un déploiement progressif
Au terme de la grande concertation nationale sur le numérique à l’École et après les annonces du Président de la République du mois de mai, le plan numérique pour l’éducation est entré dans sa phase opérationnelle de déploiement. Elle se déroulera en deux temps :
- une phase de préfiguration dès la rentrée 2015 avec près de 600 établissements pilotes et un plan exceptionnel de formation pour bâtir une culture commune du numérique au sein de l’éducation nationale et permettre une intégration du numérique dans les pratiques d’enseignement
- une phase de déploiement de 2016 à 2018 coïncidant avec la réforme des collèges et l’entrée en vigueur des nouveaux programmes
Enseignement d’exploration "informatique et création numérique" en classe de seconde générale et technologique
À compter de la rentrée 2015, est créé un enseignement d’exploration "Informatique et création numérique" en classe de seconde générale et technologique. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du plan numérique à l’École annoncé par le Président de la République le 7 mai dernier.
La préparation de la mise en œuvre de la réforme du collège à la rentrée 2016 : former et accompagner les équipes
La réforme du collège, qui entrera en vigueur à la rentrée 2016, accorde une marge d’autonomie accrue aux établissements pour mieux répondre aux besoins de leurs élèves. Les équipes pédagogiques disposeront d’une plus grande marge de manœuvre dans l’utilisation de la dotation correspondant aux marges heures professeurs, mais aussi pour l’organisation de l’accompagnement personnalisé et des enseignements pratiques interdisciplinaires. La mise en œuvre des nouveaux cadres d’enseignement et d’organisation pédagogique suppose un effort de formation important. »
(Crédits photos : CC BY 2.0 - Conor Lawless)
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