Tout a commencé avec l’idée de permettre à chacun de déchiffrer facilement les mots, de manière immédiate et fluide. Puis, vint le temps de la réflexion, et dix années d’élaboration d’une police permettant aux dyslexiques de dépasser leurs difficultés. Depuis Turin, une équipe d’éditeurs et de designers s’est lancée dans le projet : EasyReading a ainsi vu le jour...
Le 21/11/2017 à 09:43 par Nicolas Gary
Publié le :
21/11/2017 à 09:43
Federico Alfonsetti, Enzo Bartolone et Nino Truglio ont conjointement travaillé à la mise en place d’un design facilitant la lisibilité d’un texte – une lisibilité donnée et accessible à tous. Leur structure, EasyReading Multimedia, s’est renforcée par l’apport d’un investisseur, Marco Canali et d’un consultant, Uberto Cardellini.
La police est composée de 811 signes (lettres, chiffres, ponctuations, accents, la totale...) et proposée en six versions. Elle couvre l’ensemble des alphabets des langues latines et revendique des vertus salutaires. Non seulement elle réduit la fatigue durant la lecture pour la personne dyslexique, mais elle permet de progresser en rapidité de lecture, avec le temps.
L’Associazione Italiana Dislessia avait déjà donné une pleine validation au projet en septembre dernier, saluant le travail de design – qui s’est opéré auprès de plus de 600 élèves de primaire et collège avant de voir le jour.
Ce n’est pas à proprement parler une nouvelle police pour lutter contre la dyslexie, de nombreuses expérimentations ont déjà vu le jour, et proposent pour écran ou livres des solutions toujours bienvenues. Mais le trouble neurologique en question toucherait au moins 10 % de la population mondiale, et nécessite encore et toujours des améliorations.
D’ici l’an prochain, de nouvelles extensions sont prévues, notamment par l’apparition des alphabets cyrilliques – 250 millions de locuteurs à travers 13 pays, et troisième alphabet de l’Union européenne. Il inclut donc des langues slaves aussi variées que le russe, ukrainien, biélorusse, bulgare, macédonien, serbe, ruthène, bosniaque et monténégrin. Mais également le grec ancien...
Les langues sémitiques comme l’arabe posent encore de sérieuses questions, aussi l’entreprise continue de réfléchir. En revanche, l’arabe serait pour bientôt.
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Mais il semble bien que son travail intéresse l’un des géants de l’internet : si plusieurs éditeurs italiens ont d’ores et déjà adopté la police, et pas simplement pour des ouvrages jeunesse, EasyReading séduit internationalement.
Microsoft, désormais, est intéressée par le projet, avec quelques réserves : la police est-elle réellement efficace pour les dyslexiques, et quels sont ses véritables résultats ? Une étude indépendante a été lancée, qui pourrait aboutir à un accord avec l’entreprise américaine.
L’acquisition de la licence faciliterait évidemment la recherche et le développement d’EasyReading, qui reconnaît avoir investi plus de 800.000 € – et une nouvelle enveloppe de 100.000 € approche. Parmi les éditeurs locaux qui ont déjà recours à cette police, on compte Pearson Italia, spécialiste des ouvrages de pédagogie, ou encore des institutions comme la Fondazione Pomodoro, basée à Milano, la Fondazione Einaudi, Slow Food et Casa Oz.
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