Créé en 1997 dans le cadre du lancement du Festival de Nohant à l’initiative du philosophe Jean-Yves Clément, le Prix Pelléas, remis avec Radio Classique, récompense le meilleur ouvrage consacré à la musique. Cadence secrète, la vie invisible d’Alfred Schnittke de Paul Greveillac, publié par les éditions Gallimard, a été désigné lauréat par le jury.
Le 16/04/2018 à 11:05 par Antoine Oury
Publié le :
16/04/2018 à 11:05
Le Prix Pelléas - Radio Classique s’intéresse à des ouvrages éclectiques qui parlent de musique et transmettent en mots cette émotion qui conduit la vie des musiciens. Cette année, le jury a choisi Cadence secrète, la vie invisible d’Alfred Schnittke de Paul Greveillac « qui restitue avec précision, autour de la figure de ce musicien inclassable (1934-1998, parmi les plus belles portées du XXe siècle), l’ambiance soviétique, ses coups fourrés comme ses fastes, et la guerre complexe menée par le Parti contre les aspirations individuelles jusqu’aux plus intimes ».
Le Prix Pelléas - Radio Classique inaugure le Nohant Festival Chopin qui, deux mois durant, perpétue le moment littéraire et musical qui exista dans cette maison au charme indéniable du temps de George Sand et Frédéric Chopin. Chaque année, Yves Henry et Jean-Yves Clément réunissent dans les terres du Berry pianistes, écrivains et penseurs renommés pour y célébrer leur conception de l’esprit romantique.
Passeur par nature, Jean-Yves Clément, incurable romantique pour qui littérature et musique, mais aussi la philosophie, constituent une respiration vitale, est à l’origine de ce prix et de la relation privilégiée avec Les Deux Magots.
L'an dernier, le Prix Pelléas avait salué l'ouvrage de Julien Teyssandier, Arvo Pärt, publié aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux.
Le jury 2018 du Prix Pelléas rassemblait Alain Duault (président), écrivain, animateur à Radio Classique et éditorialiste à Classica ; Ivan A. Alexandre, écrivain, chroniqueur à Diapason ; Jean-Yves Clément, écrivain, éditeur ; Bertrand Dermoncourt, écrivain, chroniqueur à l’Express ; Benoît Duteurtre, écrivain, chroniqueur à Marianne et Classica ; Nicolas d’Estienne d’Orves, écrivain, chroniqueur au Figaro et Classica ; Georges Liébert, écrivain, éditeur ; Marie-Aude Roux, écrivain, chroniqueuse au Monde, et Michel Schneider, écrivain et chroniqueur au Point.
Le résumé de l'éditeur pour Cadence secrète :
Alfred Schnittke rencontre la censure dès sa sortie du conservatoire. Concerts annulés, partitions interdites, commandes reportées sont son lot quotidien. Schnittke va construire souterrainement une œuvre savante, peuplée de sonorités nouvelles, abordant des thèmes et exprimant des sentiments qui le mettent en situation d’opposition de plus en plus marquée face au régime. Autour de lui, tandis que l’Union soviétique se fissure, un groupe de musiciens et d’interprètes se forme, qui nourriront bientôt les rangs des « dissidents » passés à l’Ouest. Tels Gidon Kremer, ou encore Mstislav Rostropovitch, qui feront tous deux beaucoup pour la notoriété de Schnittke. Le compositeur, quant à lui, ne pourra obtenir de visa pour l’Ouest qu’à l’orée des années 1980. La chute du Mur et la Perestroïka permettent enfin à Schnittke d’accéder à une reconnaissance internationale. Citoyen de Russie soviétique d’origine juive allemande, converti au catholicisme, Alfred Schnittke finit par s’installer à Hambourg. C’est dans cette ville qu’il meurt, à 64 ans, laissant derrière lui une œuvre parmi les plus fortes du XXe siècle.
Né en 1981, Paul Greveillac a fait des études de lettres et de sciences politiques qui lui permettent d’aborder la question soviétique en profondeur. Son premier roman, Les Âmes Rouges, paru chez Gallimard en 2016 s’intéressait à la vie à Moscou et notamment la vie d’un fonctionnaire chargé de censurer les écrits, entre la fin de Staline et la fin du bloc de l’Est. En 2017, son point de vue change, il choisit d’aborder la question côté artiste et en l’occurrence musicien. Il publie Cadence secrète. La vie invisible d’Alfred Schnittke, une biographie romancée d’un compositeur soviétique qui a vécu de 1934 à 1998. Partagé entre une envie de reconnaissance par le public et la poursuite d’une voie plus originale, dans un pays où l’art n’est qu’officiel, Schnittke invente, malgré la censure, et les besoins matériels. Plus qu’une biographie, Cadence secrète instaure une proximité sensible avec le compositeur.
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