Amazon, Starbucks et la Vulcan Inc. de Steve Allan, cofondateur de Microsoft, se sont associés, mais ce n'est pas une bonne nouvelle. Sous la pression des trois géants américains, le conseil municipal de Seattle a rejeté ce mardi le projet d'imposition sur les heures de travail des employés, reniant ainsi son engagement dans la lutte contre la pauvreté.
Le 15/06/2018 à 16:41 par Fasseur Barbara
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15/06/2018 à 16:41
Préconisée par le Progressive Revenue Task Force, groupe de travail de fiscalité progressive, cette taxe avait pourtant été approuvée à l’unanimité le mois dernier par le conseil municipal de la ville de Seattle. Le PRTF est une initiative qui a émergé de la proposition de logement, d’aide sociale et accueil massif en foyer (surnommé HOMES) faite en 2017.
Cette action devait être la réponse du conseil à la crise de sans-abrisme qui sévissait dans la ville où Bezos a créé son entreprise. Mais Amazon et ses comparses ne l’entendaient pas de cette oreille et n’ont pas hésité à le faire savoir. Ensemble, ils se sont employés à repousser toute forme d’impôt progressif avant même son élaboration.
Particulièrement impliqué dans la lutte, Amazon a mis en pause le chantier de son Block 18 au centre de Seattle, menaçant l'emploi et l'économie de la ville. Et cela a payé, puisque le conseil a procédé à une première réduction de la taxe, la divisant presque de moitié par employé et par année, passant de 500 à 275 $.
Soit 50 millions $ d’économie par an pour les géants. Et pourtant, cela ne semble toujours pas suffisant. Amazon et Starbucks, détracteurs de la proposition, avaient formé une organisation, « No Tax on Jobs », qui a rassemblé plus de 45.000 signatures. Une campagne contre la taxation savamment orchestrée et incroyablement financée.
Poursuivant leur lutte, le projet d’impôt s’est vu avorté mardi dernier avec un vote de 7-2 contre. Pourtant, surprise, quand on lit les discours qui précédaient le vote, ils ne mettaient pas en avant ce qui ressemble à un retournement de situation. On prend la mesure avec ces quelques citations, pour le moins déconcertantes.
« Dans le cadre de notre structure fiscale régressive et injuste, je crois que l’EHT était vraiment notre meilleure option », indique ainsi Lisa Herbold, qui a pourtant voté pour l’abrogation de la taxe. (voir ici)
« D’après mon analyse des politiques, c’est le meilleur outil que nous ayons... L’impôt sur les heures de travail des employés est celui qui a le plus de sens. Ce n’est pas une taxe parfaite, mais c’est la plus juste » commente pour sa part Mike O’Brien, coauteur de la proposition HOMES, qui a voté pour l’abrogation de la taxe.
Alors Bezos, l’un des hommes les plus riches au monde — et qui demande régulièrement de l'aide pour dépenser son argent — se prépare à voyager dans l’espace, mais n’est pas prêt à participer à la lutte pour le logement... Tout comme le conseil municipal de Seattle.
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