L’atteinte aux droits de l’homme dans le monde s’est aggravée, en témoigne notamment la situation dégradante de la liberté d’expression et d’opinion dans de nombreux États membres des Nations-Unies.
Le 12/11/2018 à 08:32 par Auteur invité
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12/11/2018 à 08:32
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Au cœur même de l’Union européenne, à Malte, Daphne Caruana Galizia périssait dans l’explosion de sa voiture en octobre 2017. À Stiavnik, en Slovaquie, Jan Kuciak et sa fiancée Martina Kušnírová tombaient sous les balles le 21 février 2018. À Roussé, en Bulgarie, Viktoria Marinova a été étranglée à mort le 6 octobre 2018.
Alexander C. Kafka - CC BY ND 2.0
« Mais nous ne pouvons nous laisser réduire au silence dans un tel climat d’intimidation, de menace et de haine », pointe Nguyên Hoàng Bao Viêt, Vice président du Centre Suisse Romand de PEN International Délégué du Comité de Défense des Écrivains Persécutés et Emprisonnés (CODEP/WIPC).
Novembre, c’est le mois de Solidarité et de Gratitude envers les Ecrivains et les Journalistes persécutés, emprisonnés, disparus ou assassinés. A cette occasion, il a fait parvenir à ActuaLitté un texte en hommage à toutes ces victimes de l’oppression.
Une réalité, immensément triste et révoltante : l’atteinte aux droits de l’homme dans le monde s’est aggravée, en témoigne notamment la situation dégradante de la liberté d’expression et d’opinion dans de nombreux États membres des Nations-Unies.
En septembre dernier, à Pune, en Inde, le 84e Congrès du PEN International célébrait le 150e anniversaire du Mahatma Gandhi, défenseur de la Paix, de la Vérité et de la Non-Violence. La Vérité, la Liberté et la Diversité sont les trois axes thématiques de cette grande manifestation. Pour mémoire, en septembre 2017, notre sœur et collègue indienne Gauri Lankesh a été assassinée à son domicile de Bangalore. Gauri était une célèbre journaliste, éditrice et défenseuse des droits humains.
Fille du poète, journaliste et dramaturge indien Palya Lankesh, Gauri Lankesh était très connue pour ses prises de position en faveur des femmes et contre le système des castes et le racisme. Le Congrès du PEN International a rendu hommage à Gauri Lankesh. Hommage et Pensées également à 6 autres collègues dont Daphne Caruana Galizia (Malte — assassinée le 12 octobre 2017), Dawit Isaak (Érythrée — emprisonné depuis 2001), Idris Said Aba Arre (Érythrée — emprisonné depuis 2001), Amanuel Asrat ([Érythrée — emprisonné depuis 2001], Oleg Sentsov [Ukraine — emprisonné en Russie depuis 2015] et Shahidul Alam (Bangladesh — arrêté le 8 août 2018].
Une réalité, immensément triste et révoltante : plusieurs centaines de femmes et d’hommes écrivains et journalistes ont été menacés, agressés, torturés, emprisonnés, déportés, pris en otage, disparus, tués ou contraints à l’exil à cause de leurs écrits, leurs dessins, leurs paroles ou leurs chansons. Novembre, c’est le mois de Solidarité et de Gratitude, empreint d’émotions et de souvenirs. Au Mexique, chaque jour de novembre risque de devenir le Jour des Morts. Nous n’oublions pas le 2 novembre, Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes.
Ghislaine Dupont et Claude Verlone ont été assassinés le 2 novembre 2013. Depuis leur mort injuste et atroce, le sang ne cesse de couler. Au cours des 12 dernières années, selon UNESCO, près de 1010 journalistes ont été tués. En moyenne, un mort tous les quatre jours. Dans neuf cas sur dix, les meurtriers restent impunis. Depuis janvier 2018, 106 journalistes et travailleurs des médias ont été tués dans 36 pays [99 pour toute l’année 2017], en hausse de 18 % par rapport à 2017, déplore La Presse Emblème Campagne. Au premier rang, Afghanistan [17 tués], suivi du Mexique [15 tués] et du Yémen [8 tués].
Le 15 novembre prochain, ce sera la 37e Journée mondiale des Écrivains en prison. Nos écrivains et journalistes sont porteurs de rêves et d’aventures, témoins des réalités humaines. Face aux pouvoirs dictatoriaux et corrompus ou aux groupes armés de criminalité se dressent la parole, les mots, la plume ou le crayon. Bien souvent, les femmes écrivains et reporters courent un risque plus élevé d’être prises pour cibles.
Relisons cette citation d’Anna Politkovskaya, assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou : « Je ne suis qu’une femme, un être humain parmi des millions […] Je me contente de témoigner de l’instant présent et d’écrire ce que je vois. »
Sarah Biggart, CC BY SA 2.0
Selon les statistiques de PEN International, pendant les 12 derniers mois, on dénombre plus de 200 attaques contre la liberté d’expression. Le Centre Suisse Romand de PEN International tient à rendre hommage à ces femmes et ces hommes, consœurs, confrères et collègues victimes de l’intolérance, de la dictature et de la violence. À leurs proches aussi. Hommage, pensées et soutien. Ensemble, nous réclamons la justice, la dignité et la liberté pour tous les écrivains et journalistes emprisonnés, torturés, disparus forcés et assassinés. Nous disons en une seule voix : NON à la censure, NON aux meurtres des écrivains et des journalistes. OUI à l’amour d’écrire et l’obstination de témoigner.
Certes, nous savons que les belles paroles, les messages de condoléances et de sympathie ne suffisent plus. Au cœur même de l’Union européenne, à Malte, Daphne Caruana Galizia périssait dans l’explosion de sa voiture en octobre 2017. À Stiavnik, en Slovaquie, Jan Kuciak et sa fiancée Martina Kušnírová tombaient sous les balles le 21 février 2018. À Roussé, en Bulgarie, Viktoria Marinova a été étranglée à mort le 6 octobre 2018. Mais nous ne pouvons nous laisser réduire au silence dans un tel climat d’intimidation, de menace et de haine.
Ainsi, à la veille de la Journée mondiale des Écrivains en prison, le 15 novembre 2018, nous adressons aux médias internationaux cet appel pressant : joignez vos voix aux nôtres, celles des milliers d’écrivains, poètes, journalistes, blogueurs, traducteurs, éditeurs et avocats de PEN International pour soutenir les victimes de la répression de la liberté d’expression et d’opinion dans le monde d’aujourd’hui.
Parmi tant d’autres femmes et hommes mentionnés dans la liste non exhaustive publiée par le Comité de Défense des Écrivains persécutés et emprisonnés de PEN International, nous retenons sept cas majeurs suivants pour exemple :
*Dawit Isaak, journaliste et écrivain suédo-érythréen, emprisonné en Érythrée depuis 2001 sans aucun contact avec l’extérieur. Prix mondial de la Liberté de la Presse UNESCO/Guillermo Cano en 2017.
*Miroslava Breach Velducea, journaliste mexicaine réputée pendant 20 années de carrière, assassinée le 23 mars 2017, touchée par balle à la tête à plusieurs reprises devant son domicile à Chihuahua, au Mexique.
*Oleg Sentsov, écrivain et cinéaste ukrainien, condamné le 25 août 2015 à 20 ans de prison par un tribunal militaire russe, sur la base de fausses accusations d’actes terroristes. Procès entaché par des allégations de torture. Déporté en Sibérie, dans une colonie pénitentiaire à des milliers de km de ses proches en Crimée. Il a passé 145 jours en grève de la faim du 14 mai au 6 octobre 2018 pour obtenir en vain la libération de tous les prisonniers politiques ukrainiens détenus en Russie.
*Shahidul Alam, écrivain et photographe-journaliste bangladais primé, arrêté le 8 août 2018 pour « avoir fait des commentaires provocateurs » et « avoir donné de fausses informations aux médias » violant ainsi l’article 57 de la loi sur les technologies de l’information et de la communication. Or cet article 57 restreint la liberté d’expression. Torturé en détention, Shahidul Alam risque une peine de 7 à 14 ans de prison.
*Wael Abbas, écrivain et blogueur égyptien, connu pour son travail dénonçant les brutalités policières et d’autres exactions commises par les autorités de son pays. Arrêté le 24 mai, il aurait été accusé de « participation à un groupe terroriste, de diffusion de fausses informations et d’abus des réseaux sociaux ». PEN International pense que Wael Abbas a été persécuté pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression et d’information.
*Trân Thi Nga, blogueuse, défenseuse des droits humains, membre de l’Association des femmes vietnamiennes qui soutient les prisonniers d’opinion. Elle défend les victimes d’expropriation arbitraire de terrains et dénonce les présumés coupables et complices d’une vaste pollution maritime sans précédent en avril 2016. Arrêtée le 21 janvier 2017 et condamnée à 9 ans de prison pour avoir « véhiculé de la propagande contre l’État socialiste de Hanoi ».
Déportée en 2018 dans un camp à plus de 1000 km de la ville où résident ses deux jeunes enfants. Battue et menacée par des co-détenues de droit commun, privée de son droit de visite familiale pour avoir protesté contre les mauvaises conditions de détention.
*Trân Huynh Duy Thuc, poète, blogueur et écrivain vietnamien. Co-auteur d’un livre interdit, il a également publié des poèmes et des articles sur ses divers blogues. Arrêté en mai 2009, il est condamné en janvier 2010 à 16 ans de prison pour avoir « véhiculé de la propagande contre l’État socialiste de Hanoi » et pour avoir « mené des activités destinées à renverser l’administration populaire ».
En mai 2016, déporté dans un camp à 1400 km environ de la ville où vit sa famille. Il a refusé de partir en exil, condition exigée par les autorités pour sa libération anticipée. Grève de la faim du 13 août au 16 septembre 2018 pour protester contre les mauvaises conditions de détention en raison de son refus d’une libération conditionnelle avec exil à l’étranger.
Pour rappel, au Congrès du PEN International à Pune, en Inde, les délégués de plus de 80 pays ont unanimement exprimé leurs profondes préoccupations face à la détérioration globale de la liberté d’expression et d’opinion. L’attention se porte aussi sur l’étouffement de la liberté numérique en Chine, en Colombie, au Cameroun, en Turquie, en Malaisie, au Bangladesh et au Viet Nam. Ou encore, des lois pénales sanctionnant la diffamation publique dans de nombreux pays en Afrique. Sans oublier des délits d’Apostasie en Arabie Saoudite.
L’Assemblée des délégués du PEN International a enfin adopté une dizaine de résolutions touchant plusieurs États ‘’incriminés’’. Parmi lesquels se trouvent l’Azerbaïdjan, l’Égypte, l’Érythrée, le Guatemala, la Chine RPC, Hong Kong, les régions autonomes du Tibet et du Xinjiang des Ouïghours, le Vénézuéla, la Hongrie, les États-Unis d’Amérique, Malte, le Mexique, le Nicaragua, la Tanzanie, l’Australie, Cuba, l’Iran, Israël, le Cambodge, le Vénézuéla, le Viet Nam RSV et la Turquie.
2 Commentaires
Altin Pleqi
13/11/2018 à 20:08
My honorable, Mesdames et Messieurs.
The problem of Albania is not that they have not the right of the free speech, but the creation of a caste that have usurped that right. Ils abusent avec la parole et vous font disparaitre, voir vous accusent d`abus. Nobody is threatened officially in Albania. They lay traps continually to your art et c`est la loi du talion, disparition. They protect only themselves and persecute beyond the borders as all tyrants, and do not permit you to write in another language, this is their right to use other languages but not as first, they have translators for that, and the translator is always a traitor, that obstruct leur grandeur psychiatrique...Ils ne s`occupent pas of the phenomenon but attack the persons with all the power of the media, for them you are not a human being, they are the humans...Ils sont intransigeants avec les autres et ne veulent pas comprendre even l`art...Chers amis du PEN, parlez avec eux et vous verrez que le mur de toute their society n`as pas d`oreilles, sauf pour exclure et condamner l`innocent, who for them is the coupable, because they are doing reforms, and thinking about the future generation...They lie well to you, they are fighting... I wont like to write all that but that is the reality...I understand that in their society the existence is difficult even for them... Lamtumire !
louloui
12/03/2020 à 11:39
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