Y avait-il un cartel de lapins, au Moyen Âge, qui venaient tabasser nos ancêtres à la sortie de la messe ? Peu probable. Pourtant, des enlumineurs médiévaux ont imaginé cette éventualité et l'ont couchée dans les marges de certains manuscrits. Des chefs-d'oeuvre d'originalité, d'humour, mais surtout d'histoire.
Le 26/04/2019 à 09:08 par Maxim Simonienko
3 Réactions | 13 Partages
Publié le :
26/04/2019 à 09:08
3
Commentaires
13
Partages
Ces dessins comiques sont, pour la plupart, effectués sous la forme d'un marginalium. Ce terme latin désigne des enluminures décoratives que les copistes ou les elumineurs ont pris plaisir à créer dans les marges des textes et manuscrits médiévaux. Dans le cas de nos lapins totalement barjos et violents, ces enluminures sont appelés « drôleries » et n'ont, généralement, aucun rapport avec les lignes écrites ou recopiées. Ce type de dessins était d'ailleurs très prisé en Europe entre le XIIIe et le XVe siècle.
« Souvent, nous trouvons des images étranges avec toutes sortes de monstres, mi-bêtes, singes, etc. », écrit Marjolein de Vos sur le site Sexy Codicology. « Même dans les livres religieux, les marges ont parfois des dessins qui se moquent simplement des moines, des nonnes et des évêques ».
Toujours d'après Mme de Vos, les scènes de chasse sont celles qui apparaissent le plus couramment dans les marges des manuscrits médiévaux et, bien souvent, ce sont les lapins les victimes. Cependant, des anti-spécistes avant l'heure auraient « souvent décidé de changer les rôles » et les transformer en Lapins Crétins médiévaux.
Comme l'explique l'auteur et chercheur londonien Jon Kaneko-James sur son blog : « Dans l'art médiéval, l'image du lapin est celle de la pureté et de l'impuissance. C'est pourquoi certaines représentations médiévales du Christ présentent des marginalia [l'entourant] de lapins innocents, non violents, blancs et bruns ».
Cette inversion de l'image traditionnelle et médiévale du lapin docile et fragile permet de créer un sous-genre de drôleries, communément appelé « rabbit's revenge » (La vengeance du lapin en français). Il était notamment utilisé pour « montrer la lâcheté ou la stupidité de la personne illustrée » en train de se faire violenter par les bêtes à grandes oreilles.
En tout cas, le genre du « rabbit's revenge » semble être la source d'une imagination débordante et inépuisable. Les enlumineurs s'en sont donnés à coeur joie en créant des alliances totalement loufoques et imprévisibles. La preuve en image avec, par exemple, cette alliance entre les escargots et nos mangeurs de carottes.via Sexy Codicology.
3 Commentaires
Refuznik
26/04/2019 à 11:02
Terry Jones des Monty Python étant un spécialiste d'histoire médiévale avec plusieurs livres et émissions de vulgarisation à son actif. Je pense que cela ne doit rien au hasard.
Poilichon
09/05/2019 à 17:53
Il me semble qu'il y a une petite coquille dans cet article (à moins que j'ai mal compris).
"Cependant, des spécistes avant l'heure auraient « souvent décidé de changer les rôles » et les transformer en Lapins Crétins médiévaux."
Vous deviez vouloir dire "anti-spécistes", parceque le specisme est le dogme principal depuis des siècles qui positionne "l'humain" au dessus de tout autre espèce.
Par ailleurs, si ça à pas toujours porté ce nom l'animalisme existe depuis très longtemps. Plusieurs citations de philosophes de tout époques laissaient plus d'entendre qu'ils considéraient les animaux comme leurs égaux et que c'est pour cela qu'ils ont choisi de ne pas en manger.
Fané
26/02/2020 à 17:53
Il n'y a pas d'erreur...c'est bien écrit anti-spécistes...relisez bien... ;-)