« Ici, pendant des décennies, il y avait une modernité et une avant-garde, une profondeur mêlée de superficiel, des éclats de voix, des débats incessants, de folles histoires d’amour, de la vie et de la beauté à revendre. La dimension littéraire de ce village mythique a toujours été reliée à un certain art de vivre. Quand on évoque La Ponche, c’est cet esprit qui revient sur les bouches de ceux qui l’ont vécu, comme de ceux qui l’ont lu. Exactement celui que nous voulons faire renaître avec Le Prix La Ponche. » Et voici comment une nouvelle récompense voit le jour...
Longtemps, Saint-Tropez a été une annexe de Saint-Germain-des-Prés. Pas vraiment Saint-Tropez en entier d’ailleurs, mais précisément le quartier de La Ponche. Un hôtel, une plage, des barques de pêcheurs et...des écrivains qui passaient. Françoise Sagan était l’une de ces figures et elle en a si bien dit l’ambiance. Ici, Boris Vian, Colette, Sartre et Beauvoir, Annabel Buffet, plus tard Claude Lanzmann, Alain Paige, prenaient leurs quartiers d’été.
Ils y ont été inspiré ou y ont écrit Bonjour Tristesse, Avec mon meilleur souvenir, La Naissance du jour, La Piscine, Le Lièvre de Patagonie... On se retrouvait, on était les mêmes ou à peu près qu’à Paris. On parlait littérature mais devant la mer et ce Golfe « qui s’enfonce au loin entre deux berges de montagnes et de forêts jusqu’au village de Grimaud, bâti sur une cime, tout au bout » comme l’a évoqué Maupassant.
Ici, on travaillait mais on prenait une pause pour aller se baigner au bout de la jetée. Les intellectuels que l’on fréquentait à Paris toute l’année n’avaient pas les mêmes traits. Comprenez, ils dînaient sous des guirlandes de lampions. C’était une ambiance.
Et puis, avec le temps, Saint-Tropez s’est un peu perdu. Les écrivains ont disparu. Et un certain esprit avec. Mais cette histoire intellectuelle et littéraire demeure au-delà des années. Quand on pense à La Ponche, véritable oasis authentique au coeur du village, c’est ce souffle qui revient encore à la bouche de ceux qui l’ont vécu, comme de ceux qui l’ont lu. Cet esprit « mine de rien ». Mine de rien, on écrivait. Mine de rien on travaillait.
Mine de rien, on fabriquait des chefs d’oeuvre qui sont restés… Il y avait une modernité et une avant-garde, une profondeur nourrie de superficiel, des éclats de voix, des débats incessants, de folles histoires d’amour, de la vie et de la beauté à revendre. La dimension littéraire de ce village mythique a toujours été reliée à un certain art de vivre.
Ce n’est pas un hasard si le bar de l’Hôtel a été rebaptisé le Saint-Germain-des-prés-La Ponche. Cette connexion doit revivre à travers le prix que nous créons, comme un pendant printanier des distinctions germanopratines de l’automne. Redonner à cet endroit, après la récente réouverture de l’hôtel, l’énergie portée par une bande d’intellectuels qui savaient vivre.
Un roman français qui, sur le fond, puisse contenir tout à la fois la modernité, l’avantgardisme, une forme de nostalgie même et ce contraste, cette ambiguïté, ce paradoxe que peut enfermer Saint-Tropez (le sublime et le moche, l’élégant et le vulgaire, la profondeur et le superficiel, le traditionnel et le très contemporain, le meilleur et le pire). Le Prix La Ponche c’est le prix de deux mondes, le prix d’un texte qui aide à mieux vivre, mieux comprendre ou mieux observer la société complexe dans laquelle on se trouve.
Le style, le ton doivent avoir une façon de dire l’époque, les sentiments ou la vie, qui secouent quelque peu la littérature, avec un regard décalé, une originalité, quelque chose qui bouscule. Ce prix peut intervenir à n’importe quel moment de la carrière d’un(e) auteur(e).
Il peut accompagner une forme de naissance (ce n’est pas un prix de premier roman mais ils n’en sont pas exclus) ou d’installation (l’oeuvre est là mais le jury ne veut pas exclure de la couronner). Le Prix La Ponche peut être un prix de consécration comme d’encouragement. Il essaiera dans la mesure du possible de ne pas voler au secours du succès.
Le Prix — un prix de printemps — récompensera un ouvrage sorti entre les mois de janvier et mai de l’année de remise afin de distinguer et mettre la lumière sur un texte exclu d’emblée des « grands prix » de la rentrée littéraire et à côté duquel il ne faut pas passer.
Après la sélection du jury et sa première réunion le 14 février dernier, une première sélection aura lieu fin mars 2022 et une deuxième sélection fin avril 2022. Le prix sera remis le 20 mai 2022 à l’Hôtel La Ponche à Saint-Tropez. Le 21 mai 2022 le lauréat dédicacera le livre récompensé dans le salonbibliothèque de l’hôtel, en compagnie des membres du jury.
Saison divine pour réunir les invités, la presse, le lauréat… Le cocktail et la fête qui suivront la remise du prix marqueront le début de la saison estivale dans la presqu’île. Et, côté librairies, le livre récompensé se retrouvera embrassé d’un bandeau Prix La Ponche Saint-Tropez avant l’été.
Acheter le Prix La Ponche serait un préalable à l’été, ce serait presque déjà partir avec un livre dont on sait qu’il pourra accompagner ce temps-là qui s’étire enfin.
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