Angoulême : le FIBD veut privilégier “le dialogue au rapport de force”
Interpelé à plusieurs reprises par le collectif Autrices Auteurs en Action (AAA) à propos des votes du Grand Prix et du nombre de voix obtenues par Bruno Racine, suite à un vote protestataire, le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême répond par l'intermédiaire d'un courrier de Franck Bondoux, délégué général du FIBD. Il y assure que le FIBD souhaite rester « un espace d'échanges entre les acteurs de l'écosystème de la bande dessinée et entre eux et les pouvoirs publics ».
Le 07/06/2021 à 15:09 par Antoine Oury
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Publié le :
07/06/2021 à 15:09
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À l'ouverture des votes des artistes-auteurs professionnels pour le Grand Prix du Festival de la bande dessinée d'Angoulême, le collectif AAA avait appelé à un vote massif pour Bruno Racine, auteur d'un rapport consacré à la situation socio-économique des auteurs.
Ce rapport reconnaissait « la dégradation de la situation économique et sociale des artistes-auteurs [qui] se traduit par une érosion de leurs revenus, en dépit de l’augmentation générale de la valeur créée ». Les mesures du ministère de la Culture, en réponse au rapport, sont jugées largement insuffisantes par le collectif AAA, qui avait par ailleurs suggéré aux auteurs et autrices de boycotter l'édition 2021 du Festival, avant son annulation.
Le 3 juin dernier, le FIBD annonçait les trois finalistes du Grand Prix, à savoir Pénélope Bagieu, Catherine Meurisse et Chris Ware. Il mentionnait au passage le vote protestataire, mais précisait qu'il « ne pouvait être comptabilisé, dès lors qu’il ne se portait pas sur une autrice ou un auteur de bande dessinée ».
Le collectif AAA avait jugé « illégitime » l'absence de prise en compte des votes pour Bruno Racine, réclamant la publication des votes obtenus par les trois finalistes et par Bruno Racine et du règlement 2021 des scrutins.
Sensible à la situation des artistes
Dans un courrier adressé au collectif AAA, Franck Bondoux, délégué général du FIBD, assure d'emblée que le festival est « très sensible à la situation dans laquelle les artistes de bande dessinée sont amenés à créer ». Citant l'article 3 du règlement du Grand Prix (accessible en fin d'article), l'organisation rappelle que « tout auteur/autrice vivant.e de bande dessinée est éligible », ce qui exclut l'auteur du rapport, qui a par ailleurs signé des romans et des beaux-livres.
« Par égard pour le collectif AAA et les positions qu'il défend », le FIBD a indiqué avoir comptabilisé des votes protestataires, une précision qui « a contribué à ce que des journalistes s'en fassent l'écho », souligne Franck Bondoux.
Comme indiqué précédemment, le FIBD se refuse à communiquer le décompte précis des votes, par égard pour les auteurs et autrices, qui ne se présentent pas à ce scrutin, mais sont désignés par leurs pairs. « [S]'il les diffusait cela reviendrait à établir un classement qui n'entre pas dans l'esprit de ce Prix », ajoute Franck Bondoux.
SALONS: délicat mais indispensable partage de la valeur
Toutefois, « l'ensemble du déroulement de la désignation du Grand Prix s'effectue toujours sous contrôle d'huissier », rappelle le festival. « Cela signifie entre autres que lorsque le Festival affirme “une large majorité d'auteurs ont voté pour un de leurs pairs”, si cette affirmation était fausse, il courrait un risque majeur », assure le délégué général de la manifestation.
« De manière plus générale le Festival, veut s'efforcer de privilégier le dialogue au rapport de force. En suivant cette ligne de conduite, il pense avoir été utile aux revendications des auteur·rice·s au cours de ces dernières années », ajoute-t-il. Et de rappeler l'organisation des États Généraux de la bande dessinée, les rencontres avec les responsables politiques ou les interventions médiatiques des auteurs et autrices, dans le cadre du festival, qui permettent d'attirer l'attention sur leurs revendications.
« Le Festival s'efforce de jouer un rôle qui lui semble essentiel : constituer un espace d'échanges entre les acteurs de l'écosystème de la bande dessinée et entre eux et les pouvoirs publics », conclut Franck Bondoux.
Photographie : illustration, ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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2 Commentaires
Corto
08/06/2021 à 08:57
Mmm, en discréditant le vote Racine, difficile de croire que le FIBD soit réellement du côté des auteur-e-s. Alors qu'accorder par exemple un prix spécial aurait été un vrai signal de solidarité et un marqueur médiatique, sans altérer en rien ni le palmares, ni le festival. Bondjiou, encore raté!
L'auteur masqué
09/06/2021 à 12:55
La première chose à faire pour "privilégier le dialogue", aurait été de ne pas truquer le vote des auteurs de BD pour le Grand Prix.