Aux prémices du XIXe siècle, une découverte scientifique vient bouleverser la médecine anglaise. Intitulé Vaccine, le remède dérange et provoquera des remous dans la bonne société britannique. Bien avant le complot mondial associant vaccinations, chemtrails et la puce 5G de Bill Gates, découvrez comment les anti-vax de l’époque diabolisaient le procédé médical.
Le 05/05/2021 à 14:04 par Gariépy Raphaël
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Publié le :
05/05/2021 à 14:04
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En 1798, le chirurgien anglais, Edward Jenner proposait une nouvelle méthode pour lutter contre la variole. En inoculant le cow-pox, une maladie infectieuse de la vache, pour ensuite la transmettre à l’homme, le scientifique obtient des résultats plus qu’encourageants. Cependant, le procédé connu sous le nom de vaccine rencontra rapidement des détracteurs, inquiets de la provenance, vue comme douteuse, du remède miracle.
Alors que la vaccination balbutiait, les scientifiques peinaient à expliquer exactement le fonctionnement de leur découverte. Un flou artistique qui n’a pas arrangé le scepticisme des citoyens de Grande-Bretagne. Durant plusieurs décennies pro-vaccins et anti-vaccins se sont donc affrontés à coups d’articles et de caricatures. The public domain review est revenu sur quelques productions et écrits de ce tout début de XIXe siècle, conçus pour discréditer les travaux du chirurgien.
L’attaque la plus commune et la plus répandue concerne les origines bovines de la vaccine. On retrouve ainsi toute une littérature qui développe sur des effets secondaires violents qui rabaissent l’homme à l’état de bête. Dans une brochure du Dr William Rowley, fervent opposant au remède, on aperçoit par exemple le « garçon au visage de bœuf ». Les yeux allongés, la partie gauche du visage rougeâtre et affaissé, ce patient malheureux se voit attribuer des traits bovins.
Au sein de la deuxième édition de cette même brochure, on retrouve une deuxième affliction, encore plus impressionnante. Ann Davis, une femme d’un certain âge, aurait vu pousser des cornes sur la tête depuis sa première injection, assure le Dr Rowley. Une tare physique difficile à assumer, qui, en ces temps plus religieux que le nôtre, a dû réduire significativement la vie sociale de la pauvre dame.
Dr William Rowley’s Cow-Pox Inoculation et Ann Davis, Thomas Woolnoth, (1805) CC BY 4.0
Les inquiétudes des citoyens étaient aussi alimentées par les conditions sanitaires proposées aux patients de l’époque. Loin des aiguilles stérilisées et des salles peintes en blanc des hôpitaux, les premières séances de vaccination s'opéraient à la même la rue.
Pire, pour les pauvres des villes britanniques, les vaccins mis à la disposition des patients ne provenaient souvent pas directement de vaches, mais des pustules d’enfants vaccinés de la zone… Un choix que l’on peut sans doute critiquer avec le recul, d’autant que les jeunes têtes blondes ne recevaient aucun examen médical avant de devenir donneur.
Eau-forte couleur par J. Gillray, 1802. CC BY 4.0
Dès les premiers jours de la vaccination, certains se sont également opposés au remède en invoquant des motifs religieux. Le procédé médical serait un blasphème en soi, une tentative absurde pour s’élever au-dessus de la condition humaine. Mais l’opposition s’est réellement durcie lorsque le Parlement anglais adopta plusieurs lois rendant la vaccination obligatoire.
L’appareil légal rendait les injections gratuites pour les pauvres et prévoyait des sanctions pour ceux qui refusaient de tendre le bras. Un choix perçu pour beaucoup comme une invasion de l’État dans la vie privée des citoyens. Cette tentative pour faire accepter la vaccine a eu pour effet de mettre le débat scientifique au centre du débat public et de polariser les positions de chacun.
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De son côté, Edward Jenner restait, semble-t-il, assez confiant dans la capacité de ses concitoyens à se rendre à l’évidence : « Je suis convaincu que le bon sens du peuple anglais comprendra le mal et saura le repousser comme il se doit », écrit-il ainsi en réponse à ses détracteurs. Deux siècles plus tard, force est de constater que l’optimisme de Jenner est un peu dépassé…
Crédit photo : Charles Williams, 1802 CC BY 4.0
1 Commentaire
Jujube
06/05/2021 à 05:44
Aujourd'hui, le monde entier pleure pour un vaccin. Et qu'importe s'il nous transforme ou non en virus.
La Terre dégénère et ses virus prospèrent; ça nous retombe sur le blair!