Fermeture de la Fnac : la “plus belle avenue du monde” sans culture ?
L'emblématique Fnac des Champs-Élysées fermera prochainement ses portes. Plus de 25 ans après son ouverture, le dernier magasin culturel de « la plus belle avenue du monde » cède face à un loyer trop élevé et un chiffre d'affaire qui n'avait de cesse de baisser.
Le 03/04/2024 à 11:50 par Ugo Loumé
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Publié le :
03/04/2024 à 11:50
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Inaugurée en 1997, la boutique-vitrine du groupe Fnac Darty devrait cesser son activité le 18 décembre prochain, selon actu.fr. Les principales causes de cette fermeture sont les loyers prohibitifs de l'avenue couplés à un « chiffre d’affaires en baisse, du fait d’une fréquentation du quartier par la clientèle naturelle de l’enseigne en diminution depuis plusieurs années » comme l'a indiqué l'entreprise à ActuaLitté.
La Fnac n'est pas le premier commerce dit « accessible » qui ferme sur les Champs-Élysées. Dernièrement, les habitants du 8e arrondissement ont également vu le Disney Store, H&M ou encore Pizza Pino mettre la clé sous la porte.
La culture : un luxe, sur les Champs
Sans oublier le tout autant emblématique Virgin Megastore, qui mourrait avec l'ensemble du groupe en 2013. Plus récemment, en décembre 2023, le Gaumont Marignan était contraint d'abandonner l'avenue après 90 ans d'existence. C'était le neuvième cinéma qui quittait les Champs depuis les années 1990. Il pourrait être suivi dans sa chute par l'UGC Normandie, dont on annonce la possible fermeture pour juin prochain.
Sur cette avenue de plus en plus luxueuse et de moins en moins parisienne, la culture ne semble plus avoir sa place. Les dirigeants de la Fnac Champs-Élysées avaient alors, entre autres, mis l'accent sur les produits connectés dès 2017 pour freiner la chute annoncée du magasin.
Ces actions ne sont malheureusement pas suffisantes pour répondre aux difficultés de ce magasin, dont les perspectives sont par ailleurs défavorables, avec l’orientation de plus en plus marquée de l’avenue vers le commerce de luxe et la clientèle internationale.
— Fnac Darty
Pour régler le problème de cette boutique « lourdement déficitaire », « le projet de fermeture du magasin à la fin de cette année 2024 est la seule décision économiquement raisonnable et socialement responsable » affirme le groupe.
Fnac Darty dans le vert
Fnac Darty assure que l'ensemble des 101 salariés des Champs-Élysées seront reclassés sur un « poste identique à celui occupé, dans les mêmes conditions salariales » dans les autres magasins de Paris (Ternes, Saint-Lazare, Forum des Halles, Montparnasse, Beaugrenelle).
Enrique Martinez, directeur général du Groupe Fnac Darty, rassurait également sur le futur des autres magasins Fnac, lors d'un entretien pour Entreprendre : « Nous voulons développer des points de vente plus petits comme ceux déjà présents dans certains centres-villes en France. Nous avons déjà de très bons résultats avec ces formats. »
La perte symbolique du magasin des Champs-Élysées ne mine donc pas pour autant l'enthousiasme du groupe qui sortait du rouge en 2023, en affichant un bénéfice net de 50 millions €, après avoir enregistré des pertes de 32 millions € en 2022. Le chiffre d'affaires de l'entreprise s'élevait alors à 7,87 milliards €.
Crédits image : Antoine Demare / unsplash
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12 Commentaires
ECHO
03/04/2024 à 19:34
Que la pus belle avenue du monde auto-proclamés n'ait pas d'emplacement dédié à la culture n'est pas catastrophique. De plus si je comprend bien, la FNAC avait misé sur les "produits connectés" pour rentabiliser son magasin Qu'est-ce que cela a voir avec la culture? Depuis quelques le mot culture est employé pour à peu n'importe quoi et devenu synonyme de spectacle ou activité de loisir.
Laly
04/04/2024 à 01:13
AH karma! Les comportements de nombreux vendeurs fnac Champs-Élysées - les limites de l’éthique professionnelle, exploitant la confiance et parfois la vulnérabilité des clients. Ça va jusqu’à des demander des numéros personnels, Dans le seul but de pousser à l’achat et d’aller écrire un bon commentaire sur les avis FNAC.
Ces stratégies de séduction, loin d’être de simples techniques de vente, s’apparentent à de la manipulation sournoise. De mon expérience, je ne peux me dire que cette fermeture de l’enseigne sur les Champs-Elysees c’est le karma pour ces vendeurs
Michel
04/04/2024 à 02:45
"De plus en plus luxueuse et de moins en moins parisienne"... Que nenni !
Et bien au contraire. N'étaient les rats et les grillages de chantiers, on comprendrait vite que Paris se caractérise désormais par une boboïsation fastueuse et hautaine.
Le Paris des Tuileries de Victor Hugo - Nous sommes deux drôles / Aux larges épaules / De joyeux bandits / Sachant rire et battre / Mangeant comme quatre / Buvant comme dix / Etc. - est mort et enterré.
Voilà désormais un Paris friqué mais de gauche, inclusif mais méprisant, cultivé mais ignorant, diversitaire mais endogame. Le nouveau Parisien est un oxymoron. Se proclamant amoureux de l'authentique, il n'aime rien tant que l'haussmannien, les beaux magasins inutiles, les musées vides et rêve de faire de Paris une gated community infranchissable pour tout "sans-dent" qui voudrait y venir avec son vieux tacot pour manger une pizza pino et s'acheter à la Fnac du coin "Les villes de (grande) solitude" de Michel Sardou !
Driss Lemeur
04/04/2024 à 11:06
Michel le troll is back ! ouf il nous manquait un spécialiste, on tremblait d'incertitude...
hé mec vient vers Barbes, Paris, c'est là bas que ça se passe
Michel
05/04/2024 à 18:34
Mon petit doigt, toujours aussi avisé, me dit que vous n'y vivez même pas à Barbes. Que tout ça n'est que posture, comme votre illustre ancêtre :
- Et je ne veux aussi, pour grâce singulière,
Que montrer à vos yeux mon âme toute entière...
jujube
08/04/2024 à 06:34
Merci à "l'illustre ancêtre" qui vient de démontrer que vous, au moins, ne souffrez pas d'une âme en petits morceaux. Qui sont si difficiles à récupérer lorsqu'ils se répandent et disparaissent sous le tapis.
Très chouette votre style baigné de littérature. On le déguste à la petite cuiller, miam! Et on s'en ressert, miam bis.
Michel
08/04/2024 à 13:48
Je suis comme Maître Corbeau, très sensible à la flatterie. Mais je devine chez vous, à rebours des intentions de Maître Renard, une véritable sincérité.
Le seul fromage en jeu étant celui de la culture, il est en outre heureux qu'il transite de becs en becs.
DarthVador
04/04/2024 à 11:32
On voit ici la morgue gemanopratine de l'auteur de l'article pour lequel la culture n'est faite que de livres, disques, jeux videos et machines à café. Pas un mot pour les artisan.e.s, ces gens intelligents de la main comme disait Jean Pierre Raffarin, pas un souffle sur ces ouvrier.e.s qui façonnent amoureusement les sacs Vuitton dans leur petite échoppe au fond d'une cour fleurie (souvent en tout cas).
C'est affligeant de voir à quel point ce point de vue est biaisé !
Je ne vous salue pas !
Hubert
10/04/2024 à 02:56
Je vois que tout le monde a oublié le Publicis mégastore qui vend des livres et de la presse. Il est sur les champs-elysées.
Mais ce qui se passe avec cette fermeture montre le peu d'intérêt au niveau municipal et national pour les librairies et les points culturels. Nos villes voient les librairies disparaître. Et certains maires sont heureux de les voir se faire remplacer par des librairies de centres commerciaux qui embauchent un peu plus mais nuisent aux centre-villes. J'habite dans une ville qui a une bonne médiathéque selon les critères de certains mais le choix est très limité et pas à jour. Exemple, on a le Ramses de l'I.F.R.I datant de 2012. Le rayon Histoire a des livres publiés au 20éme siècle. Je ne parle pas des autres rayons. Et le rayon langues étrangères se limite qu'à l'anglais. Déjà que dans la capitale il est difficile de trouver une librairie (sauf 2-3) proposant des livres de formation sur certains métiers comme forgeron (forgeron coutelier) ou l'ébénisterie (pour mon cousin rentrant à l'école Boulle)
Michel
11/04/2024 à 14:17
La librairie est un commerce comme les autres. Les municipalités les soutiennent comme elles le peuvent tant en menant des politiques qui, à l'insu de leur plein gré, les désavantagent clairement.
Chez moi, étant suburbain, quand je veux acheter un livre, j'ai le choix entre une Fnac en centre-ville, aux abords de laquelle il est devenu, par la grâce de la piétonnisation rampante, impossible de se garer (et quand bien même, c'est payant) et un équivalent situé en zone commerciale, à l'accès facile et au stationnement gratuit.
Idem pour les cinémas.
Alors la question du choix, elle est vite répondue.
Et si d'aventure, je suis dans un jour de flemme, je me procure, sur internet, un e-book. J'économise trajet, temps, argent et force physique.
Que ces gens, donc, ne déplorent pas les conséquences dont ils chérissent les causes.
Hubert
11/04/2024 à 15:14
À Paris, il y a de moins en moins de librairies. Les maires des arrondissements ont été alerté mais ils s'en fichent. Ils sont plus intéressé par l'ouverture d'un Zara, d'un uniqlo... que de la survie d'une librairie. Ces fermetures sont en partie à cause des loyers et de problémes divers au profit du Web et des centres commerciaux. Des librairies ont été obligé de fermé à cause de travaux dans Paris. Et Paris ne les soutiens pas. Dans mon ancienne ville, le nouveau supermarché tout juste créé a ouvert un coin presse et livres (que 4-5 ètagères) car la mairie croyait que cela allait créer de l'emploi. Au final, le boucher, la librairie-presse et le primeur de la commune ont fermé. Le fromager qui venait dans son camion chaque matin ne venait plus qu'une fois.
Aurelien Terrassier
12/04/2024 à 18:21
Je pense surtout aux 101 salariés qui seront recases. A part cela ma Fnac aurait pu choisir les Échos par exemple car Entreprendre est un torchon d'extrême droite!